Thang Long et Xu Ðoài, une harmonie dans la diversité

L’élargissement des limites administratives de Hanoï en 2008 a donné lieu au mariage de deux cultures, Thang Long et Xu Ðoài. Une réunion qui se nourrit de la richesse culturelle de chacune, dans le respect de leurs identités propres, pour créer une cohésion des plus harmonieuses.

>>Une capitale à cheval entre passé, présent et futur

La Cité impériale de Thang Long, Hanoï.
Photo : Nguyên Van Canh/VNA/CVN

L’extension a permis à Hanoï d’engranger plus de 3 millions d’habitants supplémentaires issus de la province de Hà Tây et de certaines localités des provinces de Vinh Phúc et de Hoà Bình. Mais ce ne fut pas sans crainte. L’opinion publique avait en effet appréhendé le risque d’une baisse de la qualité de vie, qui n’était déjà pas bien élevée à l’époque, au profit d’une «ruralisation urbaine». Une partie également s’alarmait d’une possible dilution de la culture de l’ancien Hanoï, appelée Thang Long, et qui aurait du mal à préserver son identité riche et toute en finesse. «La réalité de ces huit dernières années est tout autre. Elle a montré que la culture de Thang Long, une fois unie avec celle de la région de l’ouest de Hanoï - Xu Ðoài - n’a essuyé aucune fausse note. Reliées et maintenant mêlées ensemble, ces deux grandes zones culturelles sont devenues plus riches», estime Hô Quang Loi, vice-président de l’Association des journalistes vietnamiens.

La capitale vietnamienne a su garder sa culture authentique, tout en étant complétée par une autre tout aussi variée. Il y a fort longtemps, ces deux zones étaient situées dans un même cadre naturel, et désormais, les liens se sont resserrés pour créer une forme d’harmonie, et ce dans la diversité. «Sous l’angle de l’histoire, certaines zones de Hà Ðông et Son Tây (relevant de l’ancienne province de Hà Tây) firent partie intégrante de la province de Vinh Phúc et de Hanoï. Il existe donc une histoire connectée qui exclu une acculturation conflictuelle entre Hanoï et Hà Tây. Ainsi, ce patrimoine géographique plaide pour un fonds culturel commun», affirme le Dr Pham Quang Long, ancien directeur du Service de la culture, des sports et du tourisme de Hanoi (actuel Service municipal de la culture et des sports).

Dialogue interculturel

D’après Pham Quang Long, les deux zones ont su s’influencer mutuellement et de manière positive dans la vie quotidienne, et les exemples ne manquent pas pour illustrer ces transferts interculturels réussis.

L’image de Hanoï élargie.
Photo : CTV/CVN

Le village de Ðuong Lâm, dans l’ancienne province de Hà Tây, était le pays natal du roi Bô Cái Phùng Hung, alors que sa dernière demeure a été Hanoï. Les sœurs Trung (Trung Trac et Trung Nhi) sont nées à Châu Phong, province de Vinh Phúc, mais les plus grands temples dédiés aux deux héroïnes de la nation et les plus grandes fêtes qui leur rendent hommage se trouvent dans l’arrondissement de Hai Bà Trung de Hanoï et le district de Phúc Tho de l’ancienne Hà Tây.

Plus tard, de grands noms de l’histoire nationale issus de Hà Tây ont mis leurs talents au service de la capitale. On peut citer entre bien d’autres Nguyên Phi Khanh (père de Nguyên Trai, un grand dignitaire qui a participé à la fondation de la dynastie des Lê postérieurs), Nguyên Trai (un des héros les plus connus du Vietnam), Ngô Si Liên (historien du XVe siècle), Phùng Khac Khoan (un grand lettré des XVIe et XVIIe siècles), ou encore les membres érudits de la famille Phan Huy. Combien de personnes émérites de l’ancienne Hà Tây ont-elles, sans renier leur origine, apporté la gloire à la capitale où elles ont vécu et travaillé. «L’histoire culturelle de Hanoï a pris, bon gré mal gré, la forme d’une histoire humaine durablement connectée avec la région Ouest», indique le journaliste Hô Quang Loi.

Moderniser la campagne

Autre défi : urbaniser la campagne. «L’actuelle urbanisation se déroule rapidement et manque parfois de réflexion du point de vue de la culture, ce qui pourrait faire naître des problèmes sociaux au niveau local», constate Pham Quang Long.

La danse du dragon à la Fête de la pagode Thây, en banlieue de Hanoï.
Photo : Thái Son/CVN

Selon lui, si l’on sous-estime les impacts de l’urbanisation sur le milieu environnant, on risque de le payer cher sur le plan culturel. «Je pense que si l’on n’a pas une approche méthodique et rigoureuse, construite à partir des sciences humaines, et si l’on ne fait attention qu’à l’objectif économique du développement à tout prix, on risquera de perdre ses racines culturelles», explique-t-il.

Ainsi, pour Pham Quang Long, les populations rurales doivent préserver leurs riches traditions, telles que les forts liens de voisinage, l’entraide entre villageois, le sens d’unité, l’implication de la communauté à la préservation de leurs coutumes, ou encore la critique et la lutte contre les mœurs rétrogrades. «Les leçons tirées des succès et des échecs du processus d’urbanisation de Hanoï, lors de ces dernières décennies, constitueront, sans aucun doute, de précieuses expériences pour l’élargissement et l’intégration de la capitale à différents points de vue, dont la culture», fait-il remarquer.

Hanoï d’aujourd’hui doit conserver toute son âme nationale, en puisant dans la richesse des éléments culturels complémentaires, au service d’une modernisation harmonieuse.

Hông Nga/CVN

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