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Le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle préside la séance du conseil municipal du 16 mai. |
Le maire écologiste Eric Piolle, à la tête d'une large coalition de gauche, a réussi à rassembler le nombre de voix nécessaires bien que 13 membres de sa propre majorité se soient déclarés "en désaccord" et se soient désolidarisés pour ce vote très sensible.
La délibération a été adoptée par 29 voix pour, 27 contre et deux abstentions, au terme de 2 heures 30 de débats parfois tendus.
Désormais remanié, le règlement intérieur impose le port du bonnet de bain et exige des maillots en "tissu spécifiquement conçu pour la baignade", avec des formes "ajustées près du corps" et un usage réservé à la piscine. Sont interdites toute tenue non ajustée "plus longues que la mi-cuisse" et les maillots de bain-short, comme l'a expliqué l'adjointe aux Sports, Céline Mennetrier.
La nouvelle formulation permettra aux femmes de se baigner seins nus et à tous les baigneurs de porter un maillot les protégeant du soleil.
Le maire écologiste Eric Piolle, qui portait le projet depuis plusieurs semaines, a balayé les objections de l'opposition, en invoquant un combat "féministe", de "santé" et de "laïcité" parce que rien dans la loi n'interdit le port de vêtements religieux dans l'espace public, "y compris à la piscine".
S'exprimant avant le scrutin, les élus de l'opposition ont tiré à boulets rouges sur le maire, l'accusant pèle-mêle de "vouloir exister dans les médias nationaux quoiqu'il en coûte", de se comporter en "Zemmour de gauche" ou encore de "porter un coup sans précédent contre les femmes musulmanes qui n'ont rien demandé".
Le vote passé, ils ont fait part de leur vive déception et annoncé des recours "dès demain" pour obtenir son annulation. "Vous portez une responsabilité très grave", a lancé l'ancien maire de droite Alain Carignon avant de quitter ostensiblement le conseil municipal avec son groupe en signe de protestation.
Le préfet de l’Isère a déjà fait savoir dimanche soir qu'il saisirait le tribunal administratif de Grenoble, sur instruction du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour bloquer la mesure. Il devrait pour cela faire appel à une disposition introduite par la loi sur le séparatisme votée en août 2021, qui concerne les actes portant "gravement atteinte au principe de laïcité et de neutralité du service public".
Quant au député LR Eric Ciotti, il a déposé lundi 16 mai à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à interdire le burkini dans les piscines publiques au nom de la laïcité pour ne pas laisser les maires réglementer entre "pressions communautaires fortes" et "raisons idéologiques".
"Burkini = misogynie"
Une baigneuse en burkini sur la plage de Carras, à Nice. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une bonne centaine de manifestants anti-burkini menés par l'opposition municipale s'était auparavant rassemblée au pied du bâtiment accueillant -sous bonne garde- le conseil municipal, scandant "Piolle démission !" et arborant des pancartes proclamant des slogans comme "Faut pas se voiler la face, burkini = misogynie".
Le dossier burkini défraye la chronique depuis déjà plusieurs semaines, alimentant des débats enflammés à l'approche des élections législatives du 12 et 19 juin.
Pour ses opposants, ce vêtement de bain couvrant constitue un symbole d'oppression de la femme et s'apparente au voile intégral que les talibans viennent de réimposer à la gent féminine en Afghanistan
Le port du burkini était revendiqué par la controversée association Alliance Citoyenne, qui a organisé depuis 2019 plusieurs opérations coup de poing dans les piscines grenobloises pour faire passer son message. Ses membres, rassemblées dans une salle grenobloise, ont assisté à la séance du conseil municipal par retransmission vidéo.