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Des Iraniens prennent un taxi à Téhéran, le 4 octobre. |
Quelque 78.000 taxis officiels sillonnent l'immense capitale iranienne, soit cinq fois plus qu'à New York, selon des études du gouvernement - la dernière remontant à 2014.
À cela s'ajoutent 35.000 véhicules de compagnies privées de taxis, et des milliers de chauffeurs improvisés et clandestins qui utilisent leur propre voiture pour emmener des passagers, connus sous le nom de "shakhsi".
Cet encombrement n'a pas empêché le décollage de versions locales de la célèbre application Uber, comme Snapp.
Quelques secondes d'attente au bord de la chaussée suffisent ainsi pour être pris en charge par un taxi, plus ou moins bien entretenu.
C'est le plus souvent le chômage (11% de la population active), qui pousse des diplômés ou d'anciens commerçants à prendre le volant, comme Mansour Faridfar, 60 ans.
Ce père de deux enfants avait une vie prospère lorsqu'il importait et vendait en Iran des biens étrangers de toutes sortes, même si cette activité l'a conduit en prison pendant quelques mois juste après la révolution islamique de 1979.
"Je vivais très bien et je pensais tenir mon destin entre mes mains, mais, au fil du temps, je me suis rendu compte que c'était faux", raconte-t-il.
La chance a tourné pour Mansour dans les années 1990 lorsqu'une de ses cargaisons d'une valeur de 50.000 dollars (44.500 euros) a été saisie par les douanes, le conduisant à la faillite. Il a ensuite évité de justesse un autre séjour en prison pour avoir vendu au ministère de l'Education un riz de piètre qualité.
"Il y a quatre ans, j'ai acheté cette Pride (la voiture iranienne la moins chère) et j'ai commencé à bosser comme chauffeur" de taxi indépendant, explique-t-il, comme des milliers d'autres dans cette métropole polluée de 14 millions d'habitants.
Aujourd'hui, alors qu'il gagne en moyenne 23 dollars par jour (20,5 euros) et moitié moins une fois ses frais déduits, la vie agréable d'antan de Mansour n'est plus qu'un lointain souvenir.
Snapp, Uber iranien
À Téhéran, les options pour se déplacer en taxi sont larges: taxis jaunes de la municipalité, taxis verts d'un vaste réseau privé, chauffeurs indépendants et clandestins, voyage seul ou à plusieurs en partageant le prix de la course...
Un conducteur de la compagnie Snapp, qui offre une application de service de taxi, vérifie cette dernière sur son téléphone mobile à Téhéran, le 4 octobre |
Le maire de la capitale, Mohammad Bagher Ghalibaf, s'est récemment inquiété de l'importance prise par les clandestins qui "osent" prendre la place des officiels à cause de "la mauvaise situation économique".
Dans ce marché déjà bien occupé, il semblait au premier abord difficile d'imaginer à Téhéran des applications spécifiques sur mobile comme Uber, qui ont révolutionné le transport urbain dans d'autres grandes capitales. Pourtant, des start-up ont vu le jour et ont créé de telles applications, dont la première fut Snapp, mise au point par des diplômés d'université et offrant un service très semblable à Uber.
Shahram Shahkar, son PDG, affirme "aider des dizaines de milliers de clients à se connecter à des dizaines de milliers de chauffeurs" à Téhéran, avec pour ambition d'étendre ce service à l'ensemble du pays, grâce à la mise en place "d'un logiciel adapté et fiable".
De fait, l'avenir de telles applications semble plus prometteur dans des villes moyennes telles qu'Ispahan, Tabriz ou Chiraz, le réseau automobile est moins saturé qu'à Téhéran.
Snapp n'a pour l'instant pas à craindre la concurrence d'Uber, entreprise américaine, les États-Unis continuant à imposer des sanctions à l'Iran en dépit de l'accord conclu en juillet 2015 sur son programme nucléaire. Par contre, elle peut s'inquiéter des embouteillages monstres à Téhéran : deux expatriés qui s'étaient rendus récemment au Grand Bazar ont dû attendre plusieurs heures en plein soleil que leur chauffeur Snapp pré-payé, coincé dans le trafic, arrive pour les ramener chez eux.
Et pendant ce temps des dizaines de taxis s'arrêtaient devant eux pour leur proposer de les prendre...