Les technologies de l'information (TI) sont l'un des plus importants moteurs du développement. Avec certaines autres hautes technologies, elles créent de profonds changements dans la vie économique, culturelle et sociale du monde moderne. Leur application et leur développement au Vietnam contribuent à libérer les forces maté- rielles, spirituelles et morales de la population pour promouvoir l'œuvre de Renouveau (Dôi moi), développer rapidement et moderniser les secteurs économiques. Il s'agit aussi de renforcer la compétitivité des entreprises, d’accélérer l'intégration à l'économie internationale et d'améliorer la qualité de vie de la population. Sans oublier de garantir la sécurité et la défense nationales. Le tout pour mener à bien l'œuvre d'industrialisation et de modernisation du pays.
C'est ce qui ressort de la directive N°58 promulguée le 17 octobre 2000 par le politburo du PCV sur la promotion de l'application et du développement des TI au service de l'œuvre d'industrialisation et de modernisation du pays.
Selon cette directive, en 2010, les TI du Vietnam devraient parvenir à un niveau avancé dans la région, atteignant les quelques objectifs fondamentaux suivants : d'Abord, les TI devront être largement appliquées dans tous les domai-nes, devenant l'un des plus importants éléments du développement socio-économique, de la garantie de la sécurité et de la défense nationales.
Ensuite, le réseau d'information national, comprenant télécommunications et Internet, devra couvrir le pays entier, être doté d'un haut débit, d'une grande vitesse et d'une qualité élevée, le tout à bas prix ; le taux d'internautes devra être au niveau de la moyenne mondiale.
Enfin, les TI devront devenir une économie clef, dont la croissance annuelle devra être plus forte que celle des autres secteurs, apportant de fait une contribution de plus en plus importante à la croissance du PIB national.
Pour bien réaliser ces objectifs, le politburo du PCV a préconisé ceci :
Primo, l'application et l'essor des TI sont une tâche prioritaire de la stratégie de développement socioéconomique, le moyen principal pour raccourcir l'écart par rapport aux pays les plus développés.
Secundo, tous les secteurs économique, culturel, social, de la sécurité et de la défense devront appliquer les TI pour se développer.
Tertio, le réseau d'information national est une infrastructure socioéconomique importante qui devra favoriser l'application et le développement des TI.
Quarto, développer les ressources humaines est l'élément décisif dans l'application et le développement des TI.
Quinto, faire de ce secteur une économie importante, surtout l'industrie du logiciel.
Une percée technologique
"La directive N°58 du politburo a soulevé les travaux à faire pour promouvoir l'application des TI, développer les télécommunications et l'Internet afin qu'ils soient conformes aux besoins de l'intégration", estime le Docteur Mai Liêm Truc, ancien chef du Département général des postes.
D'après le vice-ministre de l'Information et de la Communication, Lê Nam Thang, en dix ans (2000-2010), le secteur des télécommunications a connu une croissance annuelle moyenne de 40-50%, avec des pics à 100%. Dans le domaine de l'Internet, le taux d'internautes représente aujourd'hui 30% de la population nationale, soit l'équivalent de la moyenne régionale et mondiale. Le Vietnam figure même parmi les dix pays ayant le plus grand nombre d'abonnés à l'Internet au monde.
"Les fruits de la directive N°58 consistent à créer un marché des télécommunications bien concurrentiel, d'où une amélioration de la qualité des services et une baisse des frais demandés par les entreprises", insiste M. Thang.
La large bande mobile remplacera l'ADSL
Pour Trân Bá Thái, vice-président de l'Association de l'Internet du Vietnam, la prémisse du bon développement de l'Internet à haut débit ADSL est le réseau téléphonique fixe. Après dix ans, l'ADSL est touché par le déclin de la téléphonie fixe au Vietnam. "La technologie ADSL va arriver à son terme et elle sera remplacée par de nouvelles technologies comme le câble optique et la large bande mobile telles que WiMAX (acronyme pour Worldwide Interoperability for Microwave Access), 3G (troisième génération) et LTE (Long Term Evolution)", prévoit M. Thái.
Partageant cette analyse, Trân Manh Hùng, directeur général adjoint du Groupe des télécommunications de l'armée, Viettel, informe que les technologies de large bande mobile surclassent l'ADSL en matière de couverture des ondes et d'investissement. Mais avec 3,5 millions d'abonnements à l'Internet de large bande, soit un taux d'environ 4% de la population nationale, le marché de l'Internet ne connaît pas vraiment un boum. "Ce marché ne sera en plein boum que lorsque l'Internet répondra aux conditions requises comme couverture étendue, bas prix, vaste réseau d'opérateurs", dit-il.
Concernant les frais, d'après M. Hùng, pour généraliser les services de l'Internet de large bande au Vietnam, le prix de leur abonnement devrait être de 80.000 dôngs/mois, bien inférieur à celui de l'ADSL (environ 200.000 dôngs). "Viettel a déjà lancé une enveloppe de frais de seulement 30.000 dôngs pour un abonnement à l'Internet de large bande mobile", fait-il savoir.
Pourtant, selon M. Hùng, outre la zone de couverture et le prix de l'abonnement, la généralisation de l'Internet de large bande requiert encore une autre condition, irréalisable pour le moment : 50 dollars pour un téléphone mobile et 100 dollars pour un ordinateur. Viettel produit actuellement des ordinateurs qui seront vendus 150 dollars, lesquels devraient être commercialisés en juin 2011. "Si nous avons suffisamment de ressources financières et que la concurrence ne se fait pas trop forte, nous vendrons ces ordinateurs au prix de seulement 100 dollars à nos abonnés", précise le directeur général adjoint de Viettel.
Le représentant de ce groupe espère que l'Internet de large bande connaîtra un boom, avec 60% de foyers internautes qui les utiliseront en 2015, un taux équivalent à celui des pays développés.
Manque de pérennité
En dépit d'une forte croissance du secteur des télécommunications du Vietnam, le vice-ministre de l'Information et de la Communication, Lê Nam Thang, reconnaît que cet essor n'est pas inscrit dans la durée. Cela se traduit par l'efficacité des affaires de chaque entreprise. Par exemple, les taux de profit sur le fonds d'investissement et les bénéfices en général des entreprises ont baissé. "La qualité des services dans les régions reculées et éloignées laisse parfois à désirer, la sécurité du réseau reste perfectible. De plus, des concurrents déloyaux apparaissent maintenant, recourant au dumping, au monopole des infrastructures, à la promotion déloyale... Cela prouve que le développement des télécommunications manque de durabilité", appuie M. Thang.
Pour y remédier, le vice-ministre invite les entreprises à investir dans les régions montagneuses, insulaires et frontalières, comme dans la conception et la fabrication de produits vietnamiens.
Créer un nouveau souffle
En vue d'un développement plus pérenne du marché des télécommunications, le ministère de l'Information et de la Communication a pris de nombreuses mesures incitatives, dont la promulgation d'une ordonnance visant à restreindre l'application des promotions, qui est entrée en vigueur depuis le 1er juillet 2010.
S'agissant de la réalisation plus efficace de la directive N°58 du politburo du PCV, un responsable de l'université FPT, spécialisée dans les TI, estime que les orientations générales de ce texte restent justes jusqu'à l'heure actuelle. Mais il faudra aussi un nouveau document, doté d'un "effet politique" plus fort que la directive N°58, afin de réchauffer et donner un nouveau souffle au secteur des TI, indique-t-il.