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Des Kurdes syriens soignés à l'hôpital d'Afrine, enclave du Nord-Ouest de la Syrie, visée par une offensive militaire de la Turquie et de rebelles syriens, le 30 janvier. |
Ankara ne cesse de réitérer sa détermination à poursuivre son offensive lancée le 20 janvier, malgré les appels à la retenue. Mercredi 31 janvier, le président français Emmanuel Macron l'a mis en garde contre toute velléité "d'invasion" de la Syrie.
La Turquie a lancé cette nouvelle opération avec l'aide de opposants syriens pour chasser de sa frontière la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), classée groupe "terroriste" par Ankara mais alliée incontournable de Washington dans la lutte contre les jihadistes.
Les avions turcs ont survolé mercredi matin 31 janvier la ville d'Afrine, a constaté un correspondant de l'AFP, et les bombardements dans les environs de la cité ont gagné en intensité ces derniers jours, a-t-il précisé.
Mais les combats les plus violents se déroulent principalement dans le nord et l'ouest de la région. Ils sont accompagnés de tirs d'artillerie et de frappes aériennes turques, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
À Afrine, quelque 15.000 personnes fuyant les combats ont été déplacées dans la région, tandis qu'un millier ont trouvé refuge dans la province voisine d'Alep, selon Ursula Mueller, secrétaire générale adjointe de l'ONU, chargée des Affaires humanitaires.
''Les civils meurent''
Dans le principal hôpital de la ville d'Afrine, les blessés continuent d'affluer mercredi 31 janvier, a précisé le correspondant de l'AFP.
Une petite Syrienne kurde pleure alors que des proches sont soignés à l'hôpital d'Afrine, enclave du Nord-Ouest de la Syrie, visée par une offensive militaire turque le 31 janvier |
Allongée sur un lit d'hôpital, une vieille dame au visage ridé pleure bruyamment alors qu'un médecin tente d'examiner son crâne.
Une infirmière demande à un jeune garçon d'ouvrir la main, pendant qu'elle enroule un bandage, tandis qu'une de ses collègues lui nettoie une plaie à la jambe.
"Tout le monde sait que les civils meurent", tonnait déjà mardi soir 29 janvier un vieillard dans l'hôpital après avoir perdu 12 membres de sa famille.
Une famille de quatre personnes est elle venue récupérer le corps du patriarche, 80 ans. La tête posée contre le cercueil, une femme pleure.
Des responsables kurdes ont affirmé que les bombardements turcs sur Afrine mercredi avaient tué un enfant et blessé 10 civils.
L'OSDH a confirmé la mort d'un enfant mercredi 31 janvier.
La Turquie dit prendre pour cible uniquement les positions militaires des YPG. Mardi 29 janvier, le ministre turc de la Défense, Nurettin Canikli, a assuré devant le Parlement que l'armée et les opposants syriens qui lui sont alliés "n'ont fait de mal à aucun civil".
Côté turc, une adolescente de 17 ans a été tuée dans la ville frontalière de Reyhanli par une roquette tirée depuis le nord de la Syrie, une attaque imputée aux YPG par l'agence étatique Anadolu.
Depuis le début de l'offensive, les villes frontalières en Turquie sont régulièrement la cible de tirs de roquettes, qui ont déjà fait au moins quatre morts.
''Opération d'invasion''
Évoquée depuis plusieurs mois, l'intervention turque à Afrine a été précipitée par l'annonce de la création d'une "force frontalière" incluant les YPG, et parrainée par la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington.
La Turquie n'a jamais accepté l'autonomie de facto établie par les Kurdes dans le Nord syrien à la faveur du conflit, craignant de voir sa propre communauté kurde développer des aspirations similaires.
Mercredi 31 janvier, M. Macron a exprimé sa préoccupation, dans un article mis en ligne par Le Figaro.
Si "cette opération devait prendre un autre tour qu'une action pour lutter contre un potentiel terroriste menaçant la frontière turque, et que c'était une opération d'invasion, à ce moment, cette opération nous pose(rait) un problème réel", a-t-il affirmé.
Réagissant à ces déclarations, le Premier ministre turc Binali Yildirim a déclaré que cette "idée (était) fondamentalement erronée", assurant que son pays n'agissait "absolument pas dans une logique d'invasion".