>>Brexit : l'UE s'apprête à fixer sa position sur la phase de transition
Le négociateur en chef de l'Union européenne en charge du Brexit, Michel Barnier, à Bruxelles, le 29 janvier. |
Ces conditions posées par les 27 pays qui resteront dans l'UE provoquent des remous du côté britannique. En particulier parmi les partisans d'une coupure nette avec l'UE, certains craignant que leur pays devienne un "État vassal" de l'Union en la quittant.
Les ministres des 27, réunis lundi 29 janvier à Bruxelles, ont approuvé en quelques minutes leurs directives pour que le négociateur en chef du Brexit pour l'UE, Michel Barnier, puisse commencer à discuter des modalités de cette transition avec son homologue britannique David Davis.
Il devra s'agir "d'une transition +statu quo+, mais sans représentation institutionnelle" pour le Royaume-Uni dans l'Union, a souligné sur Twitter l'adjointe de M. Barnier, Sabine Weyand, ajoutant que cette période intermédiaire irait du jour du départ britannique, fin mars 2019, "jusqu'au 31 décembre 2020".
"Quand le Royaume-Uni quittera l'UE, il n'aura plus son mot à dire autour de la table", a insisté la ministre irlandaise des affaires européennes Helen McEntee, soulignant qu'il s'agissait pour les 27 de préserver "l'intégrité du marché unique et de l'Union douanière".
"Quelques divergences"
"Il y a un large accord sur le principe qu'une période de mise en place serait bénéfique aux deux parties, mais évidemment, sur les détails, on peut s'attendre à quelques divergences et c'est ce sur quoi nous négocierons", a déclaré de son côté un porte-parole de Theresa May, avant l'adoption des directives des 27.
Il a rappelé le souhait de Londres d'avoir une transition "d'environ deux ans", une période plus longue que celle prévue par les 27. Ces derniers préfèrent se caler pour plus de clarté sur la fin de l'actuel budget pluriannuel de l'UE, qui court jusqu'à fin 2020.
L'UE et Londres sont en effet déjà d'accord sur le principe de maintenir jusqu'à cette date les contributions britanniques telles qu'elles avaient été prévues pour le budget de l'UE.
La Première ministre britannique Theresa May à Londres le 24 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pendant cette période, les 27 souhaite que Londres continue par ailleurs de respecter toutes les réglementations de l'UE, mais sans n'avoir plus aucun pouvoir de décision.
Cela signifie que le Royaume-Uni n'aura plus de représentant dans les institutions, plus de droits de vote et ne participera plus à la plupart des réunions. Il sera par ailleurs toujours soumis à la juridiction de la Cour de justice de l'UE et contribuera au budget européen.
"Plus ferme"
L'objectif de la transition est d'éviter un changement brutal des règles pour les citoyens et les entreprises juste après le Brexit. Elle doit aussi permettre de préparer l'accord de libre-échange qui régira à l'avenir les relations entre l'UE et le Royaume-Uni.
Les négociations sur cette future relation commerciale devraient commencer idéalement en avril, mais les Européens reprochent à la Première ministre britannique Theresa May de trop tarder à présenter ses souhaits précis.
Lors d'un sommet en décembre dernier à Bruxelles, les dirigeants des 27 avaient accepté d'ouvrir les négociations sur la transition, après avoir conclu un accord provisoire avec Londres sur les termes du retrait, dont ils avaient fait un préalable.
Ils avaient alors estimé que des progrès suffisants avaient été réalisés sur les trois questions les plus épineuses : les droits des citoyens, la frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande et le règlement financier du divorce.
Depuis le Japon, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a insisté sur le fait que "la présence de la Grande-Bretagne dans l'UE c'est fini". "Parce que j'avais senti qu'il y avait peut-être des esprits qui disaient +peut-être que...+. Non ! C'est fini !", s'est-il exclamé lors d'une conférence.
Le président américain Donald Trump a lui assuré qu'il se serait montré "plus ferme" que la Première ministre britannique Theresa May dans les négociations avec Bruxelles. "J'aurais dit que l'Union européenne n'est pas aussi bien que ce qu'elle est censée être. Et j'aurais adopté une position plus ferme sur le retrait" de l'UE, a-t-il lancé dimanche soir 28 janvier.