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Un bus au passage de Ramoussa, sous contrôle des forces gouvernementales syriennes dans le sud d'Alep, le 18 décembre dans le cadre d'une opération d'évacuation de civils et de soldats rebelles. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les évacuations à Alep devait être menées simultanément à celles des villages de Foua et Kafraya, dans la province d'Idleb (Nord-Ouest). Mais une vingtaine de bus qui s'apprêtaient à entrer dans ces deux localités chiites prorégime assiégées par les rebelles ont été attaqués et incendiés par des hommes armés issue de la mouvance jihadiste.
Un des chauffeurs a trouvé la mort, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). "L'opération a été reportée en raison de l'absence de garanties concernant la sécurité des évacués des deux villages de Foua et Kafraya", a annoncé l'OSDH, précisant que la suspension était due à l'attaque des bus.
"Les évacuations sont momentanément interrompues", a confirmé Yasser al-Youssef, du groupe rebelle Nourredine al-Zinki, soulignant toutefois que l'incident en question "n'allait pas avoir d'impact sur la reprise de l'opération à une date ultérieure".
Des milliers de personnes sont par ailleurs bloquées depuis vendredi 16 décembre dans la poche rebelle d'Alep, conquise presque entièrement par le régime de Bachar al-Assad après une violente offensive aérienne et terrestre d'un mois, doublée d'un siège hermétique depuis juillet.
En vertu d'un nouvel accord entre belligérants et leurs parrains russe, turc et iranien, des dizaines de bus sont entrés à Alep en vue de l'évacuation, "sous la supervision du Croissant-Rouge et du Comité international de la Croix-Rouge", d'après les médias officiels.
Les opérations à Alep vont rester "à l'arrêt" jusqu'à ce que celles de Foua et Kafraya aient lieu, a également annoncé l'agence officielle Sana, accusant "les groupes terroristes de bloquer le passage des bus" qui doivent évacuer les deux localités chiites.
Froid glacial
Selon la télévision d'État syrienne, 100 bus étaient chargés de faire sortir les civils et les insurgés d'Alep.
Des bus arrivent au passage de Ramoussa, sous contrôle des forces gouvernementales syriennes dans le sud d'Alep, le 18 décembre dans le cadre d'une opération d'évacuation de civils et de soldats rebelles |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En début de soirée, après des heures d'attente, plus de 30 bus étaient pleins à craquer, certaines personnes debout faute de place, mais les véhicules n'ont pas quitté la ville. Des milliers d'autres personnes, dont beaucoup d'enfants, continuaient d'attendre dans le froid glacial pour ne pas rater un autre convoi, a-t-il précisé. Certains ont enlevé des vêtements de leurs bagages et y ont mis le feu pour se réchauffer alors que les températures avoisinaient les -6 degrés Celsius en soirée.
Il resterait environ 40.000 civils et entre 1.500 et 5.000 combattants avec leurs familles dans le réduit rebelle, selon l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura. Environ 8.500 personnes, selon l'OSDH, avaient pu être évacuées d'Alep avant que les opérations ne soient interrompues en raison de divergences sur le nombre de personnes à évacuer de Foua et Kafraya, assiégées par les rebelles dans la province voisine d'Idleb (Nord-Ouest).
Des Syriens marchent au milieu des ruines dans un quartier d'Alep, le 17 décembre. |
La situation humanitaire devient de plus en plus catastrophique à Alep pour les civils bloqués, dont des enfants qui passent la nuit dans les ruines des immeubles, selon le correspondant de l'AFP. Privés d'eau potable et de nourriture, épuisés, ils subsistent en mangeant des dattes. Dans le dernier hôpital du secteur rebelle, certains des dizaines de blessés et de malades commencent à succomber, selon des médecins sur place.
Le correspondant de l'AFP a constaté dans l'établissement des conditions désastreuses, avec des malades et des blessés allongés sur le sol, sans eau, sans nourriture et pratiquement sans chauffage. Un physiothérapeute, Mahmoud Zaazaa, a confié qu'il ne restait plus dans la zone "que trois médecins, un pharmacien et trois infirmiers".
À New York, le Conseil de sécurité de l'ONU se prononcera lundi 19 décembre (14h00 GMT) sur un nouveau projet de résolution prévoyant l'envoi d'observateurs à Alep pour superviser les évacuations, un texte qualifié de "bon" par l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine.