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Rebelles et civils sont évacués des quartiers est d'Alep le 16 décembre 2016 vers la région de Khan al-Aassal (ouest d'Alep). |
Le président américain Barack Obama a demandé le déploiement d'observateurs impartiaux pour superviser entre autres les évacuations des habitants et des combattants rebelles des dernières poches de la ville encore tenues par les insurgés.
La France a présenté le 16 décembre un projet de résolution en ce sens au Conseil de sécurité de l'ONU. Un vote pourrait avoir lieu ce week-end, selon l'ambassadrice américaine à l'ONU. L'ambassadeur français François Delattre a pour sa part fait état d'une "écrasante majorité" des quinze membres du Conseil en faveur du texte.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon a appelé à la reprise des évacuations estimant qu'Alep est désormais "synonyme d'enfer".
Lancées le 15 décembre, les opérations d'évacuation devaient durer plusieurs jours et, une fois terminée, permettre au régime de proclamer la reprise totale de la deuxième ville de Syrie, enregistrant ainsi sa plus importante victoire dans la guerre sanglante qui dure depuis 2011.
Mais le processus a connu un accroc, l'armée syrienne a accusé les rebelles de "ne pas respecter les conditions de l'accord", une source militaire affirmant que les insurgés "ont ouvert le feu et voulu sortir des armes moyennes et prendre des otages".
Les ambulances et les bus censés évacuer d'autres personnes du réduit rebelle ont dû rebrousser chemin, vides.
Désespoir et amertume
Des évacués des quartiers rebelles d'Alep arrivent en tracteur dans la région de Khan al-Aassal, contrôlée par le gouvernement le 16 décembre 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La représentante de l'Organisation mondiale de la Santé en Syrie (OMS), Elisabeth Hoff, a fait part de son inquiétude. "Il y a encore un grand nombre de femmes et d'enfants de moins de cinq ans qui doivent sortir. (...) Nous savons qu'ils sont désespérés".
Avançant une autre raison pour la suspension de l'opération, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a argué du blocage par des rebelles de l'évacuation des blessés des villages chiites prorégime de Foua et Kafraya dans la province voisine d'Idleb (Nord-Ouest), assiégés par les insurgés.
Le départ de ces blessés était l'une des conditions à l'accord du régime pour permettre les évacuation à Alep.
Dans la deuxième ville de Syrie, un convoi de plus de 800 personnes évacuées a d'ailleurs été forcé de rebrousser chemin par des miliciens chiites prorégime.
Il resterait environ 40.000 civils dans le réduit rebelle d'Alep et entre 1.500 et 5.000 combattants et leurs familles, selon l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
Depuis le 15 décembre, environ 8.500 personnes, dont 3.000 combattants, ont été évacuées vers des territoires sous contrôle rebelle, selon l'OSDH. Quelque 8.000 selon les médias officiels syriens.
À Khan al-Assal, localité à l'ouest d'Alep où certains évacués ont été conduits, le désespoir et l'amertume emplissent le coeur de ceux qui ont dû quitter leur ville.
"C'était catastrophique. J'ai fait la prière du matin, c'était la dernière à Alep et j'ai pleuré. Je ne sais pas ce que je vais faire", s'emporte Mohammad, professeur d'université. "On a quitté notre terre", lance Abou Ahmed Salah, encore en uniforme militaire. "Tout le monde nous a laissés tomber", lâche-il.
AFP/VNA/CVN