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Selon le plan signé jeudi 4 mai à Astana, ces "zones de désescalade" seront instaurées dans les huit provinces où se trouvent les rebelles.
Un briefing sur la situation en Syrie mené par l'armée russe à Moscou, le 5 mai. |
La province d'Idleb (Nord-Ouest) contrôlée par une coalition de rebelles islamistes et de jihadistes dont Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d'al-Qaïda) sera notamment concernée.
Ces zones seront également établies dans des secteurs des provinces de Lattaquié, de Hama et d'Alep, contiguës à celles de la province d'Idleb. Les insurgés sont en effet présents dans le nord de Lattaquié et de Hama ainsi que dans le nord et l'ouest d'Alep.
Dans le Centre du pays, il y aura aussi une zone dans la province de Homs.
Près de la capitale, un autre secteur sécurisé sera établi dans la Ghouta orientale, le plus important bastion rebelle dans la grande banlieue de Damas, avec des villes comme Douma ou Harasta, même si le régime est présent dans cette région.
Dans le Sud, seront concernées une partie des provinces de Deraa et Qouneitra, contrôlées majoritairement par les rebelles. Une formation alliée au groupe État Islamique (EI) est également présente dans ces deux gouvernorats.
Ces zones ne concernent pas les trois provinces totalement sous contrôle du régime (Damas, Tartous et Sweida) ainsi que l'Est et le Nord-Est du pays où se trouvent les jihadistes de l'EI et la coalition kurdo-arabe qui les combat avec l'appui des États-Unis.
La Syrie compte au total 14 provinces.
Quel calendrier ?
Deux semaines après la signature, soit le 18 mai, sera formé "le groupe de travail commun" qui établira, d'ici le 4 juin, les cartes de ces "zones de désescalade" ainsi que des "zones de sécurité" attenantes, et devra résoudre les problèmes techniques et opérationnels.
Dans le même temps, les garants devront séparer les groupes armés de l'opposition des "groupes terroristes" qui sont, selon le document, l'EI, "le Front al-Nosra" (ancien nom désignant l'actuel Fateh al-Cham) et tous les groupes, entités et individus qui leur sont affiliés.
Les "zones de désescalade" seront créées pour une durée de six mois qui peut être prolongée par consensus des trois garants.
Comment cela va-t-il se traduire ?
Dans les "zones de désescalade", les forces gouvernementales et les groupes armés de l'opposition qui sont partie prenante ou qui rejoindront le cessez-le-feu initié par la Russie et la Turquie le 30 décembre 2016, devront cesser d'utiliser tout type d'armes y compris l'aviation.
Les avions de la coalition internationale menée par les États-Unis ne pourront pas opérer dans les "zones de désescalade", a affirmé vendredi 5 mai un haut diplomate russe.
Dans ces zones l'accès humanitaire devra être assuré, ainsi que l'acheminement de l'aide médicale, la remise en état des infrastructures, notamment l'eau et l’électricité. Le retour volontaire des réfugiés et des déplacés devra être facilité.
Autour des "zones de désescalade", des "zones de sécurité" seront établies par des forces des trois pays garants auxquelles pourront s'adjoindre des pays tiers, pour éviter des frictions.
Des points de contrôle y seront établis pour assurer la libre circulation des civils et faciliter l'acheminement de l'assistance humanitaire. Il y aura également des postes d'observation.
Ses chances de succès
L'objectif des "zones de désescalade" est, selon l'accord signé jeudi 4 mai, de mettre "rapidement" fin à la violence, d'améliorer la situation humanitaire et de créer les "conditions" pour faire avancer le processus politique, alors que la guerre a déjà fait plus de 320.000 morts en six ans.
Le mémorandum stipule aussi que la lutte contre l'EI et Al-Qaïda (désigné comme Front al-Nosra ou Fateh al-Cham même si ce dernier a rompu son allégeance à cette organisation) doit se poursuivre.
Mais, si les jihadistes de l'EI n'ont aucune relation avec les rebelles qu'ils combattent âprement, les seconds forment souvent des alliances avec l'opposition armée dans plusieurs régions face au régime.
Pour Noah Bonsey, expert à l'International Crisis Group (ICG), "l'accord d'aujourd'hui semble plus sérieux que les efforts précédents d'Astana, mais comme d'habitude, il risque probablement de se désagréger à cause de la faille posée par al-Nosra"
"Pour donner une chance de réussite à l'accord d'Astana, il faut laisser plus de temps pour régler le problème d'al-Nosra", estime-t-il.
AFP/VNA/CVN