Street art : entre art et vandalisme

Graffitis, peintures et mosaïques en céramique. Ces formes d’art urbain sont de plus en plus visibles à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Cependant, un bon encadrement est nécessaire pour que ces œuvres ne dégradent pas le paysage des villes.

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Les grandes villes doivent faire attention dans la décoration des espaces publics.
Photo : VNA/CVN

Personne ne peut nier que le street art peut apporter de nombreux avantages à la communauté. Son esthétisme et son mélange de couleurs peuvent être un spectacle plaisant pour les yeux et attirer ainsi l’attention des touristes. Attention cependant à ne pas tomber dans l’excès. Ainsi, les grandes villes se doivent-elles de contrôler et d’évaluer strictement les projets en la matière, pour qu’ils respectent la règle d’or, à savoir “offrir à la population un espace plus agréable“, a souligné le peintre Trân Khanh Chuong, président de l’Association vietnamienne des Beaux-arts.

Pour éviter les débordements

“Je pense que c’est une bonne chose d’encourager ce mouvement artistique contemporain, mais un bon encadrement est également nécessaire. Je suis par exemple contre la +décoration+ spontanée des rues de Hanoï. Les œuvres présentées aux espaces publics doivent être +un régal artistique+, et non du vandalisme“, a-t-il commenté.

Tout récemment, le 11e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville a partagé des dessins considérés comme inesthétiques sur certains de ses poteaux électriques. Cela a créé l’effet inverse désiré, provoquant un malaise chez les habitants. “Pourquoi ainsi placarder des dessins destinés aux enfants de maternelle dans les lieux publics de la ville ? Si nous voulons décorer avec goût, nous devons pour cela calculer soigneusement les couleurs, les motifs, l’espace, le paysage ainsi que l’architecture de la ville“, a exprimé Trân Khanh Chuong.

Ces tags qui défigurent la capitale.
Photo : Phuong Nga/CVN

Situation identique à Hanoï, où de quelques tags colorés et de différentes formes ont fait leur apparition sur certains murs de la rue Kim Ma, sans tenir compte de l’architecture de la ville et amochant ainsi le paysage du quartier. De nombreux experts disent que si le contrôle du street art n’est pas maintenu régulièrement, il finira par dégrader la ville.

Le peintre Trân Khanh Chuong insiste sur trois points majeurs que les villes doivent prendre en considération. Tout d’abord, harmoniser les ouvrages de street art avec la préservation du patrimoine, trouver des solutions face aux défis auxquels fait face cet art urbain et enfin, gérer le développement rapide dû à l’engouement grandissant de ce mouvement dans les grandes villes vietnamiennes.

“Le +street art+ doit tenir compte des espaces culturels urbains ainsi que des valeurs du patrimoine“, a-t-il insisté.

Ne pas peindre n’importe où

Concernant la décoration des rues publiques, le peintre Bùi Thanh Phuong estime, quant à lui, qu’il est nécessaire pour chaque ville de posséder un bureau ou un conseil dit de “contrôle de l’art de rue“ afin d’examiner et gérer au mieux les projets à venir. Les projets doivent tenir compte des paysages, de la décoration, de l’architecture et des influences en termes de vue, notamment.

Selon le peintre Trân Khanh Chuong, président de l’Association vietnamienne des Beaux-arts, le +street art+ doit tenir compte des espaces culturels urbains ainsi que des valeurs du patrimoine.
Photo : Dinh Trân/VNA/CVN

Par exemple, un des derniers projets en date concerne l’espace sous le viaduc de la rue Phùng Hung, arrondissement de Hoàn Kiêm à Hanoï. Un plan précis et spécifique est nécessaire avant toute ébauche. Il faut aussi penser à la portée du projet. Une fois terminé, représente-t-il une attraction touristique pour Hanoï ?

Le projet est situé à proximité de la citadelle royale de Thang Long, patrimoine mondial de l’UNESCO, et du Vieux quartier, ce qui devrait attirer de nombreux visiteurs.

Selon Bùi Thanh Phuong, en décorant les grandes villes, dont la capitale Hanoï, il faut se demander si cela convient et respecte l’âme de la cité ou non. “J’ai vécu longtemps à Hanoï, je comprends l’esprit des gens qui y vivent. Ils n’aiment pas les couleurs criardes, tape-à-l’œil“, a-t-il commenté.

Le peintre Lê Thiêt Cuong a abondé dans ce sens, en soulignant la nécessité d’avoir des contrôleurs qui ont l’expertise pour trouver le juste milieu entre satisfaire à la fois la bonne volonté des individus ainsi que celle des organisations voulant décorer les espaces publics.

“Entre décorer sans encadrements adéquats et ne pas décorer, il vaut mieux ne pas décorer du tout. On n’a pas le droit de salir les espaces publics, au nom de l’art“, a-t-il remarqué.

Étant l’un des artistes invités à peindre Tam Thanh, premier village de fresques murales au Vietnam (dans la province de Quang Nam, Centre), le graffeur Lê Kinh Tài a déclaré qu’il était nécessaire d’introduire l’art dans la vie communautaire, mais pas n’importe où et certainement pas à n’importe quel prix.

Trân Van Minh, l’un des artistes qui a participé à la réalisation de la plus longue rue de peintures murales en 3D à Hanoï (rue Hô Tùng Mâu, arrondissement de Câu Giây), a avoué que ces activités devraient recevoir une approche pratique des agences de gestion urbaine afin d’atteindre une valeur esthétique générale. De fait, l’avantage des décorations d’art public réside dans le fait qu’elles créent un effet visuel direct, immédiat, rendant le spectacle impressionnant. Cependant, si le travail n’est pas esthétique, mal fait, ou réalisé au mauvais endroit, alors ce sera l’effet inverse qui sera créé, provoquant ainsi un sentiment de malaise gêne chez les habitants.

Phuong Nga/CVN

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