Le sort de ce poème est extraordinaire. L'auteur a introduit le poème dans un flacon de pénicilline vide plus le nom et l'adresse du défunt. Six ans après (juin 1975), les équipes du service de rassemblement des ossements des combattants morts au front n'ont pu trouver le tombeau de Ngoc Huê. Vingt ans après (1995), dans une réunion d'anciens combattants, un soldat de génie, ayant par hasard ramassé le poème, l'a remis dans les mains de son auteur, le poète Trong Khoat, tout plein de surprise et d'émotion :
Nằm yên em nhé ngủ ngon
Để cho đầu cáng anh còn đổi vai
Đèo thì cao, dốc thì dài
Vai đòn anh nghiến, phồng chai, lại phồng
Đau hơn là nỗi đau lòng
Ghìm sâu tiếng nấc khỏi rung cánh đòn
Năm yên em nhé ngủ ngon
Máy bay giặc lượn anh còn ngụy trang
Trời khô đường nắng chang chang
Võng thưa máu giọt võng bàn chân anh
Lối vào trạm xá loanh quanh
Em ơi đừng vĩnh biệt anh dọc đường
Lời thương đồng đội lời thương
Những ai nằm lại chiến trường hôm nay
Trong Khoat
Couche-toi, petit frère, soit tranquille, dors !
Je vais tourner le bout de la palanche d'une épaule à l'autre
Le col est si haut, la pente est si longue
La palanche écrase mes épaules, causant des enflures.
Mais plus atroce que ce mal est le mal dans mon coeur
J'étouffe le hoquet pour ne pas trembler la palanche.
Couche-toi, petit frère, sois tranquille, dors !
L'avion ennemi rôde, je te camoufle,
Sécheresse et soleil ardent sur le chemin
Le hamac aux larges mailles laisse tomber
Des gouttelettes de sang chaud sur mes pieds,
Le sentier menant au poste de secours est tortueux
Frère, à mi-chemin, ne me dis pas Adieu !
O frères d'armes, combien de compassion, de pitié
Pour tous ceux qui restent encore aujourd'hui
Au champ de bataille pour l'éternité !
Traduction de Trinh Phuc Nguyên/CVN
(27/07/2009)