>>Pétrole : l'OPEP+ va-t-elle céder à l'appel de ses clients ?
>>Le pétrole en hausse à trois jours du sommet de l’OPEP+
Raffinerie de pétrole du géant saoudien Saudi Aramco le 18 septembre 2019 près d'Al Khardj, au sud de Riyad. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La production mensuelle de l'alliance "sera ajustée à la hausse de 400.000 barils par jour pour le mois de décembre", a annoncé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dans un communiqué publié à l'issue d'un sommet réunissant ses treize membres et leurs dix alliés via l'accord OPEP+.
Les vingt-trois ministres réunis par visioconférence ont donc choisi de ne pas s'écarter de leur feuille de route.
En réaction, un porte-parole du Conseil américain à la Sécurité nationale (NSC) a affirmé jeudi 4 novembre que les États-Unis allaient "examiner la gamme complète d'outils" à leur disposition pour remédier au "déséquilibre entre l'offre et la demande" de pétrole, qui fait monter les prix.
"Le moment est venu pour les principaux pays producteurs de stabiliser les prix de l'énergie et de s'assurer que les prix élevés n'entravent pas la reprise économique mondiale actuelle", a-t-il ajouté semblant évoquer une initiative coordonnée des pays consommateurs pour puiser dans des réserves.
"Nous avons discuté avec des pays consommateurs d'énergie et nous allons examiner la gamme complète d'outils à notre disposition pour renforcer la résilience et la confiance du public", a conclu le responsable américain.
Le marché, très nerveux depuis le début de la semaine, a basculé dans le rouge.
À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour le mois de décembre a terminé en baisse de 2,05 USD ou 2,53% pour revenir à 78,81 USD, au plus bas depuis presque un mois.
À Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a lâché 1,45 USD ou 1,76% à 80,54 USD, revenant aussi à son niveau d'il y a un mois.
"Le marché est plein de rumeurs sur une potentielle initiative coordonnée de puiser dans les réserves stratégiques de pétrole afin de combattre la hausse des prix", a résumé John Kilduff, analyste pour la firme de conseil en investissements Again Capital, évoquant les États-Unis mais aussi le Japon et les pays de l'OCDE.
"La reprise ne devrait pas être fragilisée par un déséquilibre entre l'offre et la demande. L'OPEP+ semble ne pas vouloir utiliser sa capacité et son pouvoir (sur l'offre d'or noir) à ce moment crucial de la reprise mondiale", a encore déploré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Dans le doute s'abstenir
La décision de l'OPEP+ n'était pas une surprise, les membres de l'alliance ayant distillé plusieurs indices allant dans le sens de cette décision ces derniers jours.
"La crise est en quelque sorte contenue mais elle n'est pas encore terminée, nous devons faire attention à ne pas prendre les choses pour acquises", affirmait ainsi fin octobre le ministre saoudien de l'Énergie, Abdelaziz ben Salmane, chef de file de l'OPEP.
Le cartel insiste sur les facteurs de risque planant sur la demande afin de justifier le maintien de sa politique prudente, évoquant aussi les nouveaux pics de contaminations au COVID-19 observés en Russie et en Chine.
Le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak, chargé du pétrole, a d'ailleurs insisté jeudi 4 novembre sur la menace du COVID-19 planant toujours sur la demande de pétrole, lors d'une conférence de presse organisée après le sommet.
Plateforme pétrolière de Saudi Aramco, au large de Dhahran, en Arabie saoudite, le 20 mars 2018. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette attitude prudente permet également de ménager une place à l'un de ses membres aujourd'hui exclu du marché, l'Iran, dont les barils pourraient revenir sur le marché à moyen-terme.
Plusieurs observateurs ont par ailleurs partagé leurs doutes sur la capacité de certains membres du cartel à pouvoir augmenter davantage leur production, les installations de forage ayant souffert pendant la pandémie de retards d'entretien et de maintenance.
Grogne des consommateurs
"Les prix supérieurs à 80 dollars le baril sont, bien entendu, une autre raison pour laquelle l'OPEP+ n'est pas pressée d'augmenter l'offre sur le marché", note Caroline Bain, analyste de Capital Economics.
S'il précise que l'OPEP+ conserve "la marge nécessaire pour réagir en cas de forte reprise", M. Novak et ses partenaires sont pour l'instant restés sourds aux appels des pays consommateurs, notamment des États-Unis, en faveur d'une augmentation plus franche de la production.
Interrogé sur le sujet, M. ben Salmane a convenu de "discussions à tous les niveaux" avec les États-Unis et affirmé "qu'il croyait toujours que le groupe faisait ce qu'il fallait faire".
La prochaine réunion de l'OPEP+ est programmée le 2 décembre, a annoncé l'Organisation sur son site internet.