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Le premier vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar (gauche), au côté du président Salva Kiir (centre) et du vice-président James Wani Igga, juste avant des tirs devant le palais présidentiel à Juba, le 8 juillet 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette éruption de violence, survenue alors que le Soudan du Sud marquait le cinquième anniversaire de son indépendance, constitue un nouvel accroc au fragile accord de paix signé en août 2015 entre M. Kiir et M. Machar, alors chef de la rébellion, dont les forces s'affrontent depuis décembre 2013.
M. Machar était redevenu vice-président à la faveur de l'accord de paix, censé avoir mis fin à deux ans et demi d'une guerre civile dévastatrice.
Les affrontements ont encore plus assombri le jour anniversaire, samedi, de l'indépendance du plus jeune Etat du monde. L'accord de paix ne tient qu'à un fil et la population n'a jamais eu aussi faim.
À la différence des années précédentes, aucune célébration de l'indépendance n'était organisée, officiellement pour manque de fonds.
De violents tirs ont d'abord été entendus vendredi soir aux abords immédiats du palais présidentiel, où MM. Kiir et Machar préparaient un communiqué commun sur un premier incident survenu la veille. Jeudi 5 juillet, des soldats fidèles au président Kiir avaient été tués lors d'un échange de tirs avec d'anciens rebelles.
Vendredi soir 8 juillet, les tirs d'armes automatiques, puis de mitrailleuses et d'artillerie lourde ont été entendus en plusieurs endroits de la capitale pendant environ une demi-heure.
Samedi 9 juillet, un porte-parole de Riek Machar, Roman Nyarji, a annoncé un bilan de "plus de 150 morts".
"Ce bilan pourrait s'alourdir, car les deux unités de la garde présidentielle se sont affrontées dans ces combats hier", a-t-il dit en référence aux soldats chargés de la protection des deux dirigeants.
Le calme est revenu après un appel lancé conjointement par MM. Kiir et Machar à leurs forces respectives. Les dirigeants n'ont pas donné d'explications sur l'origine des tirs, se contentant de qualifier ces incidents de "malheureux".
"Ne pas perdre espoir"
Un calme fragile s'est maintenu samedi à Juba, mais la tension restait vive. Les forces de sécurité patrouillaient en nombre et peu de civils s'aventuraient dans les rues.
Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, le 8 juillet 2016 à Juba. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Signe de la gravité de la situation, le ministère britannique des Affaires étrangères a déconseillé samedi 9 juillet "tout voyage au Soudan du Sud" à cause de la dégradation des conditions de sécurité à Juba, et il a conseillé à ses ressortissants de quitter le pays.
"Le personnel de l'ambassade britannique est confiné et nous le réduisons au seul personnel essentiel", indiquait également le ministère dans la rubrique des conseils aux voyageurs de son site internet.
L'indépendance du pays a été gagnée sur le Soudan en juillet 2011 après une longue guerre. Mais la moitié de ses cinq années d'existence a été endeuillée par le conflit interne alimenté par la rivalité entre MM. Kiir et Machar.
Depuis décembre 2013, les combats ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Ils ont provoqué une crise humanitaire, forçant près de trois millions d'habitants à fuir leurs foyers et quelque cinq millions, plus d'un tiers de la population, à dépendre d'une aide alimentaire d'urgence.
Dans le cadre de l'accord de paix entre MM. Kiir et Machar, ce dernier est revenu en avril à Juba où il a été réinstallé vice-président et a formé avec M. Kiir un gouvernement d'union nationale.
Mais sur le terrain, les hostilités se poursuivent dans plusieurs régions. Fin juin, un responsable d'une commission de surveillance du cessez-le-feu a qualifié le niveau des violences d'"épouvantable".
En juin, dans la ville de Wau, devenue la deuxième du pays après que celles de Malakal, Bor et Bentiu eurent été partiellement détruites pendant la guerre, les combats ont forcé quelque 88.000 habitants à fuir leurs maisons.
L'International Crisis Group (ICG) a récemment appelé les États garants de l'accord de paix à agir "de toute urgence" pour le sauver et pour "empêcher le pays de retomber dans un conflit à grande échelle".