Soudan : Béchir réélu mais confronté à une série de défis

Il a beau avoir décroché un nouveau mandat de cinq ans, le président soudanais Omar el-Béchir fait toujours face à une série de défis pour remettre l'économie de son pays sur les rails et le sortir de l'isolement international.

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Le Soudan est soumis à un embargo économique américain depuis 1997 pour violations présumées des droits de l'Homme et des accusations de liens avec le terrorisme. Si M. Béchir a essayé de prendre ses distances avec l'islamisme radical, il reste dans le collimateur de la communauté internationale en raison des conflits dans plusieurs régions du pays et de la répression des opposants politiques.

Le président Omar el-Béchir (gauche), aux côtés du ministre de la Défense Abdelrahim Mohammed Hussein, le 24 avril à Khartoum.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au pouvoir depuis plus de 25 ans, M. Béchir, qui a remporté lundi 27 avril plus de 94% des votes, est visé par deux mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l'humanité et génocide au Darfour (Ouest), ce qui limite grandement sa liberté de mouvement.

Pour gagner la confiance à l'étranger, le gouvernement doit tenir sa promesse d'organiser un dialogue avec l'opposition et créer de nouvelles alliances à l'extérieur, estiment plusieurs experts.

Sur le plan intérieur, le président soudanais peut oeuvrer pour faire sortir le pays de son isolement, en "arrêtant la guerre" et concluant "une réconciliation nationale", estime Adel al-Baz, un journaliste économique du quotidien indépendant Al-Youm al-Tali.

Le président "ne peut ignorer les appels au dialogue car il s'agit d'une exigence régionale et internationale en plus d'être réclamée à l'intérieur" du pays, ajoute-t-il.

Gouvernement d'union ?

De nombreux pays occidentaux voient la réconciliation comme une condition préalable pour améliorer leurs liens avec Khartoum.

"Le nouveau gouvernement aura le choix entre le statu quo avec une augmentation de la concentration des pouvoirs autour du président --de récents amendements constitutionnels ont accordé à Béchir de plus grands pouvoirs-- et des services de sécurité, et une transition qui pourrait impliquer un gouvernement d'union nationale", estime Jérôme Tubiana, un expert sur le Soudan.

Or un retour dans le concert des nations permettrait à Khartoum de remettre sur pied une économie exsangue.

Avec l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le Soudan a perdu environ 75% de ses ressources pétrolières. L'inflation est galopante et le taux de chômage est au-dessus de 30%. Selon l'ONU quelque 7 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire.

"La dette souveraine soudanaise a dépassé les 40 milliards de dollars, que le pays est incapable de rembourser", souligne l'économiste Hassan Makki. "Le gouvernement veut donc un effacement des dettes". Mais "cela n'arrivera pas tant qu'il n'aura pas changé sa politique intérieure et sa politique étrangère", poursuit-il.

Offensive diplomatique

Khartoum a lancé une offensive diplomatique ces dernières semaines en rejoignant la coalition initiée par l'Arabie saoudite pour lutter au Yémen contre des rebelles chiites liés à l'Iran.

L'armée, qui combat déjà des rebelles à l'intérieur du Soudan : au Darfour, au Kordofan-Sud et dans le Nil-Bleu, a envoyé des avions frapper à l'étranger, au Yémen.

M. Béchir "estime que l'alliance militaire du Golfe au Yémen lui offre la possibilité d'ouvrir de nouvelles portes", en se rapprochant des Saoudiens, après avoir été proche de leur ennemi juré, l'Iran, selon M. Makki.

Khartoum a par ailleurs contribué en mars à la conclusion d'un accord entre l'Égypte et l'Éthiopie sur le partage des eaux du Nil, se rapprochant du Caire, longtemps méfiant vis-à-vis de son voisin du sud.

Ces nouvelles relations pourraient pousser Washington, pour qui l'Arabie saoudite et l'Égypte sont des alliés clés dans la région, à voir le Soudan d'un nouvel oeil.

M. Béchir essaiera de faire revenir son pays dans la communauté internationale en "utilisant ses alliances à la fois avec la région africaine et la coalition militaire du Golfe pour obtenir l'effacement de ses dettes", selon M. Baz.

L'objectif sera aussi de "voir son nom rayé de la liste des pays parrainant le terrorisme", selon Adel al-Baz, en référence à la liste des États-Unis.

AFP/VNA/CVN

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