Les islamistes "shebab ont revendiqué leur responsabilité dans cette attaque suicide à un carrefour fréquenté situé près du ministère de l'Éducation, qui a entraîné la mort de plus de 70 personnes et fait 150 blessés, dont la plupart étaient de jeunes étudiants", a déclaré le président somalien Sharif Cheikh Ahmed qui a condamné cet attentat dans un communiqué.
L'attentat du 4 octobre a fait parmi les victimes de nombreux étudiants et leurs parents qui attendaient les résultats d'examens, en vue d'obtenir des bourses d'études en Turquie. "Je suis extrêmement choqué et attristé par cet acte cruel et inhumain de violence (perpétré) contre les plus vulnérables de notre société", a ajouté le président somalien.
C'est le premier attentat à Mogadiscio depuis que les shebab ont été contraints début août de quitter la ville face à une offensive des troupes pro-gouvernementales soutenues par une force de l'Union africaine (Amisom).
L'administration américaine a vivement condamné cet attentat suicide et dénoncé "le mépris complet pour la vie" manifesté par les islamistes shebab.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a également con-damné cet attentat suicide "répugnant", estimant "incompréhensible" que des victimes innocentes soient prises pour cibles. "L'attaque a été menée avec un camion rempli d'explosifs", a raconté un témoin, Ahmed Mohamed, fonctionnaire au ministère de la Santé, un des ministères hébergés dans le bâtiment.
Après avoir forcé un barrage de contrôle, le véhicule chargé d'explosifs est entré dans l'enceinte du bâtiment -qui abrite au moins quatre ministères- et a explosé, à un rond-point connu sous le nom de "K4" (Kilomètre 4), un des principaux carrefours de la ville qui mène à l'aéroport où est installé une base de l'Union africaine (Amisom).
Le complexe ministériel a été très endommagé, et plusieurs voitures ont pris feu. De nombreux cadavres, sur lesquels avaient été jetés des draps blancs, jonchaient les lieux.
"Cela ressemble à une scène de la deuxième guerre mondiale. C'était totalement dévasté", a commenté Abdullahi Aptidon, un habitant du quartier. "J'ai d'abord pensé à une mine, mais la puissance de l'explosion m'a fait comprendre que c'était autre chose. C'est la pire tragédie depuis le début de la guerre civile en 1991", a commenté Mursal Mohamed, un chauffeur routier.
Un passeport kényan, au nom de Ashad Abdi Said, a été retrouvé sur le cadavre du kamikaze conducteur du camion, a affirmé le porte-parole de la police, Abdullahi Hassan Barise. Mais selon une radio contrôlée par les shebab, le kamikaze n'était pas kényan mais somalien.
Le précédent attentat le plus meurtrier à Mogadiscio avait fait 33 morts en août 2010. Les shebab ont également revendiqué un double attentat qui avait fait 76 morts en juillet 2010 dans la capitale ougandaise Kampala.
AFP/VNA/CVN