"La situation était normale, la nuit dernière. Les autorités vont cependant ouvrir l'oeil et, ensuite, nous envisagerons de lever l'état d'urgence", a-t-il déclaré dans son adresse hebdomadaire télévisée à la nation. Le couvre-feu nocturne avait été imposé le 19 mai à Bangkok et dans 23 provinces du pays après l'assaut lancé par l'armée contre les manifestants antigouvernementaux qui occupaient depuis des semaines le centre de la capitale en réclamant le départ d'Abhisit. L'opération avait été suivie d'émeutes et d'incendies.
Le gouvernement a revanche maintenu l'état d'urgence en vigueur depuis le 7 avril. Cette mesure d'exception interdit tout rassemblement de plus de 5 personnes et permet aux forces de l'ordre de procéder à des arrestations sans mandat de la justice.
Entre le début des manifestations des "chemises rouges" mi-mars et leur dispersion par la force le 19 mai, au moins 88 personnes ont été tuées et près de 1.900 blessées.
La semaine dernière, la vie a repris son cours normal dans le Centre de Bangkok.
Cependant, samedi, devant la presse étrangère, le Premier ministre a annoncé qu'il serait "difficile" d'organiser des élections législatives avant la fin de l'année, tout en n'excluant pas un scrutin anticipé.
Le départ d'Abhisit, qui peut théoriquement rester à son poste jusqu'à fin 2011, et l'organisation de législatives anticipées sont les principales revendications des "chemises rouges".
S'adressant la même journée aux ambassadeurs en poste à Bangkok, le chef du gouvernement a appelé à la réconciliation, selon une retransmission de ses propos le 30 mai par la télévision thaïlandaise.
La Thaïlande doit "reconstruire le pacte social et économique entre le peuple et le gouvernement", a-t-il dit. "Peu importe ses positions politiques, je reste certain que notre peuple est pacifique et modéré et qu'il a été assommé et consterné" par les événements.
Le Premier ministre a plusieurs fois défendu et justifié l'opération de l'armée pour disperser les manifestants du centre commercial de la capitale. "Je peux dire que lorsque nous avons pris ce carrefour de Ratchaprasong, nous avons rendu Bangkok au peuple", a-t-il dit devant les ambassadeurs. Cette crise a révélé l'ampleur du fossé social en Thaïlande. Les "chemises rouges", masses rurales et classes populaires des environs de la capitale, reprochent aux élites de Bangkok gravitant autour du Palais royal de ne pas partager les fruits de la croissance économique.
AFP/VNA/CVN