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Pour mettre fin à cette querelle qui a commencé il y a 27 ans, mais dont les racines remontent à des siècles, les Premiers ministres grec Alexis Tsipras et macédonien Zoran Zaev ont annoncé la semaine dernière un accord pour rebaptiser le minuscule État des Balkans.
Leurs ministres des Affaires étrangères, Nikos Kotzias et Nikola Dimitrov, ont rendez-vous dimanche 17 juin sur les rives du lac frontalier de Prespes pour signer officiellement cet accord historique, fruit de mois de marchandage diplomatique.
MM. Tsipras et Zaev, ainsi que des représentants des Nations unies et de l'Union européenne, qui se sont félicités de cette initiative, se joindront à eux. Les délégations signeront le texte du côté grec de la frontière avant de passer côté macédonien pour le déjeuner, a indiqué Athènes.
Depuis 1991, Athènes s'oppose à ce que son voisin s'appelle la Macédoine parce qu'elle a sa propre province septentrionale du même nom qui fut le berceau de l'empire d'Alexandre le Grand: une source de fierté pour les Grecs d'aujourd'hui.
Les deux jeunes Premiers ministres ont dû faire face à de vives réactions dans leur pays pour faire avancer la négociation. Alexis Tsipras a été accusé de trahison par les partisans grecs de la ligne dure et, samedi 16 juin, a surmonté une motion de censure contre son gouvernement destinée à bloquer l'accord avec Skopje.
En Macédoine, le président Gjorge Ivanov prévoit d'exercer un droit de veto pour bloquer ce que l'opposition nationaliste a qualifié de "capitulation". Zoran Zaev, élu l'année dernière, a fait du rapprochement avec la Grèce une priorité pour assurer les adhésions de son pays à l'Union européenne et à l'OTAN, bloquées par Athènes depuis des années.
Long processus
Des manifestants des deux pays prévoient d'organiser des rassemblements de protestation près de Prespes dimanche 17 juin.
Une manifestante proteste contre l'accord sur le nom de la Macédoine devant le parlement, à Skopje, le 13 juin. |
L'accord doit encore être approuvé par le parlement macédonien et acté par référendum. Il doit également être ratifiée par le parlement grec, un processus qui risque de prendre des mois.
Parmi les critiques les plus ardents d'Alexis Tsipras se trouve son prédécesseur, le conservateur Antonis Samaras, qui était ministre des Affaires étrangères en 1991 lorsque le différend a commencé. "Vous avez reconnu une aberration qui ne stabilisera pas la zone, elle la minera", a déclaré M. Samaras samedi 16 juin. "Vous êtes en train de légaliser l'irrédentisme" (macédonien), a-t-il dit.
Les opposants à l'accord - qui reconnaît une langue et une nationalité macédoniennes - estiment quasi-certian que le pays sera appelé Macédoine par le monde entier, au lieu de Macédoine du Nord.
Les responsables d'Athènes insistent sur le fait que le processus contribuera à stabiliser la région des Balkans, ce qui permettra à la Grèce de se concentrer sur d'autres défis régionaux, notamment sur la Turquie et la question chypriote.
Ils notent également que la Grèce a déjà été critiquée par la Cour internationale de justice pour avoir bloqué l'adhésion de la Macédoine à l'OTAN. Dans un jugement rendu en 2011, le plus haut tribunal de l'ONU a déclaré que la Grèce avait "manqué à son obligation" en vertu d'un accord provisoire conclu en 1995 de mettre fin au différend sur le nom de l'ancienne république yougoslave.
La Macédoine a été admise aux Nations unies en 1993 sous le nom provisoire d'ARYM, mais plus de 120 pays, dont la Russie et les États-Unis, ont reconnu le pays des Balkans sous le nom de "République de Macédoine".
Skopje espère obtenir une date pour commencer les pourparlers d'adhésion à l'UE lors d'un sommet européen fin juin et une invitation à rejoindre l'OTAN à la mi-juillet.
AFP/VNA/CVN