Présidentielle en Colombie: la droite favorite, la paix dans les limbes

La Colombie élit son nouveau chef d'État dimanche 17 juin, au second tour de la première présidentielle depuis la paix avec l'ex-guérilla Farc. Une élection cruciale pour un pays polarisé par ce pacte, que le favori Ivan Duque veut réviser.

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Gustavo Petro, candidat de Colombie Humaine à l'élection présidentielle en Colombie, à Bogota le 14 juin.

Après plus d'un demi-siècle de guerre, la paix retient son souffle. Le champion de la droite dure, arrivé en tête du premier tour, promet de modifier le pacte signé fin 2016 et s'oppose à Gustavo Petro, candidat d'une gauche anti-système.
"Nous laissons un pays sans Farc, qui construit la paix", a réitéré le président sortant, Juan Manuel Santos, 66 ans, qui ne peut se représenter après deux mandats consécutifs. Au pouvoir depuis 2010, il a été l'artisan d'un accord qui lui a valu le prix Nobel de la Paix, mais aussi une impopularité record de 80% dans ce pays de 49 millions d'habitants.
Si le pacte a clos la confrontation avec les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), aujourd'hui converties en parti politique, la Colombie, confrontée à une corruption et des inégalités criantes, peine à émerger du plus long conflit d'Amérique. Elle endure la violence de groupes armés qui se disputent le trafic de drogue dans les anciens fiefs de l'ex-guérilla.
Là où la droite règne depuis toujours, son atout pour reconquérir la présidence, Ivan Duque, 41 ans, jeune et novice en politique, a remporté 39,14% des voix le 27 mai contre 25,08% à Gustavo Petro, 58 ans, ancien maire de Bogota et ex-guérillero du M-19 dissout.
Le scrutin avait été marqué par une participation sans précédent de 53,9% quand habituellement moins de la moitié des 36 millions d'électeurs vont aux urnes.

Duel droite-gauche inédit
Dauphin du populaire mais controversé ex-président Alvaro Uribe (2002-2010), farouche opposant à l'accord de paix, Ivan Duque ne s'est pas imposé d'entrée de jeu comme par le passé son mentor, dont il se défend d'être la "marionnette". Mais selon les derniers sondages, le candidat du Centre démocratique (CD) devancerait Gustavo Petro du mouvement Colombie Humaine de six à quinze points ce 17 juin.
C'est tout de même la première fois que la gauche colombienne, divisée et qui payait jusque là le poids de la présence des guérillas, parvient aussi loin à une présidentielle.
Ivan Duque, soutenu par les conservateurs, les partis chrétiens, les évangéliques et l'ultra-droite, défend la liberté d'entreprendre et les valeurs traditionnelles de la famille en agitant le spectre du Venezuela voisin en crise.
Appelant au "changement", il veut réviser l'accord de paix pour envoyer en prison les chefs guérilleros coupables de crimes graves et leur barrer l'accès au Parlement. Il s'est engagé à éradiquer "le cancer de la corruption" et relancer la 4e économie d'Amérique latine, en berne avec 1,8% de croissance.
Gustavo Petro, qui entend appliquer l'accord avec les Farc et engager de profondes réformes, a charmé les foules avec un programme favorable aux plus humbles. Il pâtit cependant de sa proximité avec le défunt président vénézuélien Hugo Chavez, bien qu'il se soit distancié de son successeur Nicolas Maduro.
L'avenir de la paix en jeu
"Quel que soit le président, le plus grand défi sera d'adopter une position claire quant à l'accord de paix car, pour le moment, nous sommes dans les limbes", a déclaré à l'AFP Fabian Acuña, professeur de Sciences politiques à l'Université Javeriana.
Les deux candidats s'opposent aussi sur le dialogue avec l'Armée de libération nationale (ELN), dernière de la trentaine de guérillas qu'a comptées la Colombie. Si Gustavo Petro veut le poursuivre, Ivan Duque est déterminé à durcir la position du gouvernement.

AFP/VNA/CVN

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