Scolarisation à domicile : une méthode de moins en moins marginale aux Etats-Unis

Quand Elizabeth Dean avait 4 ans, elle pouvait lire tout un roman alors que ses camarades en étaient à déchiffrer péniblement l'alphabet. Sa mère a donc fait un choix perçu comme singulier : elle l'a retirée de l'école maternelle du Maryland (Est). C'était il y a 10 ans et la scolarisation à domicile était encore "à la frontière du tolérable", explique aujourd'hui Lisa Dean, la mère d'Elizabeth, 14 ans, et de Teddy, 11 ans.

"Il y a 10 ans, les gens expliquaient en général leur décision de choisir la scolarisation à domicile par des motifs religieux, ou la volonté d'échapper au contrôle du gouvernement", explique la mère de famille entre 2 leçons sur la Rome antique, les oeuvres d'Edgar Poe, les mathématiques ou la littérature, dans la maison familiale.

Elle a pourtant décidé d'abandonner un travail bien payé d'avocate à Washington pour devenir mère au foyer, et a choisi d'enseigner elle-même à ses enfants, parce qu'elle pense pouvoir faire mieux que le système américain, mais aussi parce qu'elle est une mère poule assumée.

"J'ai lu les mêmes choses que tout le monde sur ce qui se passe à l'école - la sexualité, la drogue, les violences - et je ne pense pas que les enfants ont besoin de connaître cela", dit-elle.

Selon elle, l'école à la maison permet également aux enfants de choisir les sujets qui les intéressent, et d'avancer à leur rythme.

Lorsque Elizabeth entrera au collège l'an prochain, elle aura des cours d'espagnol et d'écriture dans l'établissement scolaire de son quartier, mais elle continuera aussi à travailler chez elle, notamment en suivant un cours de mathématiques sur internet habituellement destiné à des enfants de 2 ans plus âgés.

L'école à domicile aux États-Unis remonte à l'époque coloniale. Au plus fort de la vogue hippie dans les années 1960, la méthode a séduit les opposants au système. Ce sont ensuite les chrétiens conservateurs qui ont adopté ce type d'enseignement et "vers 1990, 85% à 90% des enfants scolarisés à domicile étaient issus de la droite religieuse", explique Paul Petersen, de l'Université Stanford, dans Education Next, une publication qu'il dirige.

Le nombre d'enfants concernés a augmenté de 29% entre 1999 et 2003, passant d'environ 850.000 à 1,1 million, selon des données du Centre national des statistiques de l'éducation (NCES). Quelque 55 millions d'enfants sont scolarisés aux États-Unis.

Selon une enquête du NCES menée en 2003, environ un tiers des parents ont expliqué leur décision par des craintes pour la sécurité de leurs enfants, la drogue ou la pression de leurs pairs. Un peu moins de 30% ont évoqué des raisons morales ou religieuses, et 16,5% des motifs éducatifs.

Tamara Bergen a scolarisé ses 2 filles à domicile pendant les 15 dernières années, en partie parce qu'elle veut partager ses valeurs chrétiennes avec elles, mais aussi parce que les "familles qui enseignent à la maison ont plus de flexibilité avec leurs emplois du temps". "La scolarité à domicile apprend aux enfants à être entreprenants et indépendants", dit-elle.

Mais ce système a ses détracteurs, certains estimant que cela prive les enfants de contacts sociaux. "Quand nous avons commencé, ma soeur m'a dit : +Vous allez transformer vos enfants en monstres! Ils ne sauront pas comment se comporter!", raconte Lisa Dean.

Pourtant, elle assure que "si la socialisation est un gros problème pour ceux qui étudient à la maison, c'est tout le contraire de ce que vous pouvez imaginer : il y a trop d'occasions". "Les enfants sont toujours ensemble, la difficulté c'est de trouver le temps d'ouvrir les manuels scolaires", dit-elle.

AFP/VNA/CVN

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