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Les autorités sanitaires recommandent l'allaitement pendant les six premiers mois de l'enfant et déconseillent la diversification des aliments avant six mois |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Alors que 70% des femmes entament un allaitement en maternité (90% chez les femmes immigrées), elles ne sont plus que 38% à le poursuivre de manière exclusive 4 mois après et 19% quand le bébé a 6 mois, conformément aux recommandations de l'OMS.
"Les femmes arrêtent d'allaiter en moyenne huit semaines avant la reprise du travail", précise Marie-Aline Charles, la coordinatrice de l'étude Elfe qui suit une cohorte de 18.000 enfants nés en France en 2011.
L'étude a pour but de suivre ces enfants jusqu'à leur majorité pour fournir des informations sur divers aspects de leur vie, notamment sous l'angle de la santé et de l'environnement.
Des résultats préliminaires ont déjà été publiés sur l'allaitement en 2015 et sur l'exposition de quasiment toutes les femmes enceintes aux perturbateurs endocriniens en décembre dernier.
Lors d'un colloque organisé le 13 mars, des chercheurs ont affiné les données sur l'allaitement en insistant notamment sur les pratiques des femmes immigrées qui, quelle que soit leur région de naissance, allaitent plus souvent leur enfant. L'écart s'atténue toutefois dès la seconde génération, selon Claire Kersuzan et Christine Tichit, deux chercheuses de l'Université de Bordeaux.
Les immigrées font également partie des femmes qui entament de manière précoce la diversification alimentaire.
Alors que le Programme national nutrition santé (PNNS) recommande la diversification à partir du 6e mois, avec l'introduction progressive de certains aliments entre le 4e et le 6e mois, l'âge moyen observé chez les enfants nés en 2011 est de 5,2 mois.
Chez 26% des bébés, la diversification a même commencé avant l'âge de 4 mois, une pratique que certaines études associent à un risque augmenté de surpoids de l'enfant.
Cette diversification alimentaire trop précoce s'observe essentiellement chez les mamans les plus jeunes ou nées hors de France, mais aussi chez celles qui fument et lorsque le bébé est un garçon, précise-t-elle.
Les travaux ont également permis de montrer que 57% des bébés recevaient des laits enrichis en pré ou probiotiques dont les effets bénéfiques ne sont pas démontrés. 2% des enfants sont par ailleurs nourris avec du lait de vache ou des laits végétaux alors que ces laits "ne sont pas adaptés aux nourrissons sur le plan nutritionnel", précise Mme Charles.