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Deux Afghanes en burqa attendent pour traverser une route à Hérat, le 21 septembre |
La crise économique et humanitaire en Afghanistan "s'aggrave" et "il faut (y) répondre pour sauver des vies" menacées par la pauvreté et la famine, souligne le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) dans ses "Perspectives socio-économiques de l'Afghanistan 2021-2022", dont l'AFP a obtenu copie.
L'économie du pays, le plus pauvre d'Asie, était déjà minée par la guerre et les sécheresses. Puis le retrait des Occidentaux et la prise de pouvoir de leurs ennemis talibans, en août, a brusquement privé le gouvernement de sa principale ressource : l'aide internationale qui représentait 40% de son PIB et finançait 80% de son budget. "Un choc fiscal sans précédent" au niveau international, note le PNUD, auquel s'ajoute les sanctions économiques occidentales prises contre les talibans.
Le PNUD souligne notamment les conséquences potentielles des restrictions imposées au travail des femmes par les talibans, qui n'ont autorisé qu'une partie des femmes fonctionnaires, celles exerçant dans l'éducation et la santé, à reprendre le travail. "Le travail des femmes constitue 20% de l'emploi total, et reste vital pour atténuer la catastrophe économique en Afghanistan", a expliqué la directrice du PNUD en Asie, Kanni Wignaraja.
Le PNUD estime ainsi que sans l'emploi féminin, le Produit intérieur brut (PIB) de l'Afghanistan se contracterait "de 3 à 5%", soit une perte de richesse de 600 millions à un milliard d’USD (530 à 880 millions d'euros). Le dommage "dépendra de l'ampleur des limitations imposées", note-t-il. Une chose pour l'heure difficile à évaluer car les talibans restent flous sur le sujet, assurant qu'ils préciseront les règles exactes ultérieurement.
S'y ajoute une perte en consommation - les femmes qui ne travaillent plus n'ont plus de salaire et ne peuvent plus acheter autant qu'avant pour nourrir ou équiper leurs foyers - qui pourrait atteindre 500 millions d’USD par an, selon le PNUD. Or "le pays ne peut pas se permettre de capituler sur ce point" au vu des sombres prévisions économiques qui l'attendent, souligne Mme Wignaraja.
En conséquence, "toutes les femmes et tous les hommes capables de travailler devraient retourner au travail et y donner le meilleur pour atténuer le choc économique immédiat et bâtir un futur pour le pays", ajoute-t-elle.
Mme Wignaraja juge également crucial que les jeunes Afghanes continuent à aller au collège et au lycée - où les talibans ont interrompu les cours pour les filles - pour qu'elles puissent elles-mêmes gagner de quoi vivre en devenant "médecins, infirmières, professeures, ingénieures, fonctionnaires ou cheffes d'entreprise...".
AFP/VNA/CVN