>>Subventions Airbus : Washington va appliquer contre l'UE les sanctions
>>Les États-Unis et l'UE cherchent une issue "acceptable" pour les deux parties
Centre de livraison des Airbus à Colomiers, à côté de Toulouse, le 27 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les tensions entre l'Europe et les États-Unis ont brutalement ressurgi mercredi 2 octobre lorsque Washington a annoncé vouloir frapper 7,5 milliards de dollars de produits européens de tarifs douaniers punitifs, après avoir reçu le feu vert de l'OMC dans le cadre de la bataille juridique de 15 ans entre Boeing et Airbus.
La réponse de Bruxelles, qui négocie au nom des 28 États membres de l'Union, ne s'est pas fait attendre : "Si les États-Unis imposent des sanctions, ils pousseront l'UE à faire de même", a mis en garde un porte-parole de la Commission européenne, Daniel Rosario, lors d'un point presse.
Même son de cloche pour la porte-parole du gouvernement français Sibeth Ndiaye qui a indiqué sur BFMTV et RMC que Paris prévoyait "des mesures de rétorsion" contre les États-Unis en concertation avec l'Union européenne.
"Regrettant" la décision américaine, M. Rosario a affirmé que ces droits de douanes supplémentaires censés entrer en vigueur le 18 octobre "toucheront d'abord et avant tout les consommateurs et les entreprises américains".
Ces derniers devront en effet payer plus pour des produits dont ils sont friands ou ont besoin.
Les taxes viseront des produits fabriqués par la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni, les quatre partenaires du consortium européen Airbus.
Les avions civils pourront être exportés aux États-Unis au prix majoré de 10%, tandis que des vins, des fromages, des olives, des coquillages ou encore des haches et des tournevis seront eux frappés d'une majoration de 25%.
Tarifs douaniers sur les voitures
Le dialogue n'est toutefois pas rompu.
Côté américain, on assure toujours "espérer entamer des négociations" avec l'Union européenne. Et l'UE maintient également la porte ouverte : "nous tenons compte de la déclaration du représentant américain au Commerce que les États-Unis ont prévu de négocier avec l'Union européenne dans le but de résoudre ce problème", a dit M. Rosario.
Le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, le 18 juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"La Commission européenne a invariablement communiqué aux États-Unis que l'UE est prête à travailler à une solution équitable et équilibrée pour nos industries aéronautiques respectives", a-t-il ajouté.
"Cela fait des mois que nous plaidons pour cet accord commercial. Nous tendons la main. Je souhaite que les États-Unis écoutent cette voix qui est à mon sens la voix de la sagesse", a déclaré le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire, qualifiant ces sanctions "d'erreur économique profonde".
Selon une étude du cabinet Euler Hermes, la France est le pays qui a le plus à perdre dans ce début de conflit commercial.
Les pertes annuelles pour l'Union européennes pourraient s'élever à 9,7 milliards de dollars, dont 2,4 milliards pour la France, soit 0,1 point de croissance.
Dans une procédure miroir -dans le cadre de la bataille des deux avionneurs rivaux Boeing et Airbus- l'OMC devrait, début 2020, autoriser l'UE à imposer elle aussi des droits de douane en réaction à des subventions indues versées cette fois par Washington au constructeur aéronautique américain.
Il ne s'agit pas des premières taxes américaines sur des produits européens, puisque depuis le 1er juin, l'acier et l'aluminium sont frappés de droits de douane afin de réduire le déficit commercial américain.
En représailles, l'UE a ciblé des produits américains comme les Harley-Davidson, le bourbon ou les jeans.
Après une relative trêve, le risque d'une escalade des sanctions n'est donc désormais pas à exclure. Donald Trump doit décider d'ici au 13 novembre s'il impose ou non des tarifs douaniers supplémentaires sur les voitures importées de l'UE, une menace particulièrement redoutée par Berlin.