Salon auto de Delhi : le redressement de Tata Motors, une course à obstacles

L’indien Tata Motors va lancer deux modèles à l’occasion du salon automobile de New Delhi, qui s’ouvre vendredi 7 février, mais la mort brutale de son patron exécutif complique un peu plus la relance du groupe, en chute libre sur son marché.

L'ancien patron exécutif de Tata Motors lance un nouveau modèle, à Ahmedabad, en Inde, le 19 janvier 2010. Photo : AFP/VNA/CVN

Les profits de Tata Motors, filiale du conglomérat Tata, reposent quasi exclusivement sur ses marques de prestige britanniques Jaguar et Land Rover, réunies au sein de JLR, tandis que sa Nano, lancée comme la voiture la moins chère au monde, a fait un flop.

Le directeur général Karl Slym, recruté en 2012 pour relancer le constructeur indien, n'a pas eu le temps d'imprimer durablement sa marque puisqu'il est mort fin janvier dans un hôtel à Bangkok, s'étant semble-t-il suicidé.

Le décès du Britannique "est une perte énorme pour Tata Motors", estime Deepak Rathore, directeur du cabinet de conseil Emerging Markets Automotive Advisors.

"Il avait les bonnes idées sur l'orientation à prendre pour Tata en termes de qualité de produit, de services et de nouveaux modèles", ajoute-t-il.

Slym, 51 ans, avait repris les rênes du groupe alors que le marché automobile indien a connu un brutal coup d'arrêt, en raison du ralentissement de la croissance, de prix de l'essence en hausse et de crédits plus chers.

Sixième marché du monde

Le marché indien, sixième marché du monde, a chuté de 10% en 2013, son premier recul depuis 11 ans.

Heureusement le rachat en 2008 de JLR par le fondateur de Tata, Ratan Tata, permet au groupe automobile de toujours générer des profits, Tata Motors affichant un bénéfice net en hausse de 71% au deuxième trimestre à 35,42 milliards de roupies (558 millions de dollars), pratiquement tous imputables aux marques britanniques.

En revanche, les seules activités en Inde ont affiché une perte de 8 milliards de roupies sur cette période.

"En termes de profits, JLR est tout pour Tata Motors", relève M. Rathore.

Signe de sa santé préoccupante en Inde, le constructeur a annoncé samedi que ses ventes de véhicules de tourisme avaient reculé de 27,85% en janvier sur un an à 10.974 unités et ses véhicules commerciaux de 36,6%.

La Nano, boudée par des Indiens plus en quête d'une voiture comme signe de reconnaissance sociale que pour le prix, a vu ses ventes s'effondrer de 72% sur les neuf premiers mois de 2013, par rapport à l'exercice précédent.

Un successeur difficile à trouver

Selon les analystes, les lacunes de Tata Motors en termes de qualité, de service et d'innovation remontent à bien avant le plongeon du marché indien.

Fin 2013, le défunt patron du groupe avait déclaré vouloir "continuer à relancer la gamme" de Tata Motors.

Juste avant le décès de M. Slym, le contructeur a annoncé une nouvelle version de la Nano avec direction assistée pour conquérir un public jeune et urbain. Le mois dernier, il a dévoilé une nouvelle série de moteurs essence baptisée Revotron.

Et il doit dévoiler deux modèles pour le salon automobile de New Delhi qui se tient du 7 au 11 février, dont une berline compacte.

"Il était trop tôt pour parler de lui comme d'un as du redressement mais il était en train de mettre en place les changements nécessaires", estime l'analyste Murad Ali auprès de l'AFP.

M. Slym avait obtenu le feu vert du conseil d'administration pour mettre en place une nouvelle gamme jusqu'en 2020 et pour refonder la production et améliorer la qualité.

"Lui trouver un successeur à la hauteur, qui connaisse comme lui le marché indien, va prendre un peu de temps", estime M. Rathore.

"L'objectif premier sur lequel il se concentrait était la qualité du produit", relève une porte-parole du constructeur, Minari Shah.

"La meilleure chose à faire est de poursuivre son programme, c'est le meilleur hommage à lui rendre", ajoute-t-elle.

AFP/VNA/CVN

 

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