Sagesse et malice paysannes à travers les chansons populaire et ca dzao

L’homme de culture Huu Ngoc (photo ci-contre) est un collaborateur fidèle du Courrier du Vietnam. Nous avons le plaisir de vous présenter son point de vue sur l’identité culturelle vietnamienne à travers les chansons populaires, ca dzao.

L'ancien village de Duong Lâm, Son Tây, Hanoi.


Hé, la cigogne ! Hé cigogne !
Tu frappes souvent ta femme. Avec qui couches-tu ?
Si tu la frappes, frappe le matin.
Ne frappe pas le soir ou elle ne te laissera pas te coucher.
À petit feu, le riz ne sera jamais trop cuit.
Quand le mari se fâche, la femme s’efforce d’être conciliante.
Elle rayonne de sourires et demande :

«De quoi vous fâchez-vous, frère aîné ?
Mon frère, avez-vous quelque chose contre moi ?
Si vous désirez prendre une concubine, j’irai la choisir pour vous».
Pour trois sapèques, une dizaine d’hommes,
On les enferme dans une cage pour que les fourmis les emportent,
Pour trois cents ligatures, une seule femme,
On l’installe sur une natte de fleurs pour qu’elle s’y tienne assise.
Quand on a encore de l’attrait, on trie les poissons, on choisit les bouillons,
Quand on n’a plus d’attrait, on ramasse aussi les grenouilles mâles et les crabes grossiers.
Quand on a encore de l’attrait, on choisit parmi les garçons pleins de verdeur,
Quand on n’a plus d’attrait, on ramasse aussi bien un vieillard.
La femme qui aime son mari, c’est comme le marché qui bat son plein,
Le mari qui aime sa femme, c’est comme les dernières lueurs du jour.
Je me suis mariée dès l’âge de quinze ans,
Mon mari me dédaignait parce que j’étais petite et ne voulait pas coucher avec moi.
Quand j’ai eu dix-huit ou vingt ans,
Tandis que j’étais couchée à terre, mon mari m’a traînée sur le lit,
Il me dit une fois qu’il m’aime, deux fois qu’il m’aime,
Des quatre pieds du lit, un est cassé, il n’en reste que trois.
Que celui qui retourne au village dise à père et mère
Que mon mari, maintenant, s’entend bien avec moi.
Le riz blanc mangé avec de l’oiseau grillé,
Le mari est beau, la femme est belle, l’estomac est plein rien qu’en se regardant.
Le riz moisi mangé avec des aubergines pourries.
Le mari est laid, la femme est laide, rien qu’à cause des anxiétés, on maigrit.
Ses narines contiennent dix-huit doubles charges de poils,
Le mari l’aime et dit
: «c’est la barbe du dragon, c’est un présent du ciel » :
La nuit, elle ronfle : «ho…ho…».
Le mari l’aime et dit : «ça égaie la maison»
Quand elle va au marché, elle grignote tout le temps,
Le mari l’aime et dit
: «elle mangera d’autant moins de riz à la maison»
Sur sa tête, rien que des débris et de la paille,
Le mari l’aime et dit
: «ce sont des fleurs parfumées qui parent sa tête».
Quand on a de la chance, on arrive à épouser une femme vieille.
La maison est propre, le bouillon savoureux, le riz bien cuit.
Quand on n’a pas de chance, on épouse une gamine !
Ca mange, ça laisse tout en ruine et ça s’en va.
Ne prenez pas un étudiant pour mari !
Il a le dos en long, il lui faut beaucoup d’étoffe, il se rassasie et il s’étend,
Pendant le jour, il erre avec des livres sous le bras,
Le soir, il rentre et garde la lampe pour veiller tout seul.
Une année se divise en douze périodes,
Je m’assieds et je calcule : que ne puis-je calculer ?
Le premier mois, je fête le Têt à la maison,
Le deuxième mois, j’ai des loisirs, je me mets à élever des vers à soie,
Le troisième mois, je vais vendre des étoffes noires,
Le quatrième mois, je me loue comme moissonneuse, et le cinquième je reviens,
Le sixième mois, je fais le commerce des radeaux,
Le septième et le huitième mois, je reviens pour faire le commerce du maïs,
Le neuvième et le dixième, je coupe le chaume dans les rizières de la deuxième récolte.
Le onzième et le douzième, je tombe sur un étudiant au dos long,
Il mange puis il s’étend,
Et je cours toute l’année, accablée de soucis et de chagrin.
Mieux vaut prendre un garçon de la campagne bien vigoureux,
Du riz plein le panier, du paddy en tas, plus de soucis !
3e vers : Je fête le Têt, littéralement, je «mange» le Têt.

La vieille s’en va au marché du Pont de l’Est.
Elle se fait tirer l’horoscope pour savoir s’il y a avantage à prendre un mari.
Le devin consulte les oracles et dit :
Pour un avantage, c’est un avantage, mais des dents, il n’en reste plus.
4e vers : il y a là un jeu de mot impossible à rendre. Le mot « loi » signifie à la fois avantage et gencive.
Si chaque arpent de terre pouvait parler,
Le géomancien n’aurait plus aucune dent.
           

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