>>Ryanair renforce sa présence au Portugal et se retire d'Irlande du Nord
>>Ryanair : perte annuelle record mais optimisme pour la reprise
Le PDG de Ryanair, Michael O'Leary lors d'une conférence de presse à Londres le 31 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"La reprise a été très forte pendant le pic de la saison estivale mais cet hiver sera difficile. Nous essayons de restaurer notre trafic pré-COVID mais cela ne peut être fait qu'à des prix plus faibles (...). Je ne pense pas que nous gagnerons de l'argent cet hiver mais nous n'en perdrons pas beaucoup", a expliqué le directeur général à l'AFP.
Quelques instants plus tôt lors d'une conférence de presse, M. O'Leary avait annoncé le lancement du calendrier de vols "hivernal le plus vaste" jamais déployé par la compagnie, avec 14 nouveaux trajets, dans sa quête de restaurer le "volume" de passagers transportés à défaut de pouvoir compter pour l'instant sur des prix plus élevés.
Fin juillet, le transporteur à bas coûts avait publié une perte pour son premier trimestre décalé creusée de 47% sur un an à 273 millions d'euros à cause de tarifs encore bas, de coûts élevés dus aux restrictions et des incertitudes sur les voyages, malgré un chiffre d'affaires presque triplé.
Cette année, Ryanair prévoit "près de 100 millions de voyageurs transportés" contre 149 millions par an avant la crise sanitaire.
L'industrie aérienne a été l'une des plus durement frappée par la pandémie de coronavirus avec un trafic annihilé pendant des mois, et le groupe avait enregistré le pire exercice de son histoire en 2020-2021 avec une perte de l'ordre d'un milliard d'euros.
Il avait décidé en outre au début de la crise sanitaire de supprimer quelque 3.000 emplois, soit 15% de ses effectifs. Le groupe réembauche actuellement, avec notamment 500 nouveaux emplois prévus à Londres pour les pilotes, personnels de cabine et ingénieurs.
Le charismatique patron de Ryanair a jugé la reprise du trafic européen "dispersée", avec un rebond solide des vols intra-européens mais pas sur les longs-courriers vers l'Europe.
"Les Asiatiques ne viennent pas en Europe, les Américains ne viennent pas en Europe", constate-t-il.
Il appelle notamment le gouvernement britannique à mettre au placard son système de couleurs pour la situation sanitaire dans les différentes destinations, fustigeant notamment des changements constants qui créent de l'incertitude pour les voyageurs.
Au contraire, il loue le "formidable succès" du pass sanitaire européen qui "a redonné aux gens la confiance pour recommencer à voler".
Autre demande: supprimer la taxe britannique sur les vols qui donne aux "aéroports britanniques un énorme désavantage compétitif" comparé aux européens, d'après lui.
C'est en raison de ces taxes que le groupe a annoncé la semaine dernière qu'il se retirait d'Irlande du Nord où les coûts aéroportuaires et la demande déprimée pour l'hiver n'offrent pas assez de perspectives de profit, estime-t-il. En revanche, la compagnie renforce sa présence au Portugal.
Alors que l'aviation est l'une des industries jugées comme les plus polluantes, M. O'Leary a estimé que l'accent sur la taxation des vols courts était "injuste".
"Si on taxe l'aviation d'un point de vue du changement climatique alors les taxes doivent revenir aux pollueurs. Les vols long-courrier comptent pour 50% des émissions mais seulement 6% du trafic donc ils devraient payer plus", affirme le tonitruant patron.
À l'approche de la conférence environnementale COP26 à Glasgow en novembre, la mise au point de carburants plus "verts" pour l'aviation reste "un défi" : "la principale difficulté, c'est le volume" qu'il faudra être en mesure de produire.
"Pour le moment la technologie n'est pas là, nous devons investir plus dans la recherche", plaide M. O'Leary, déplorant que les taxes environnementales en Europe sur les vols n'aillent pas dans le développement de carburants moins polluants.
AFP/VNA/CVN