Ryad refuse d'extrader les meurtriers présumés de Khashoggi vers la Turquie

L'Arabie saoudite a rejeté samedi 27 octobre la demande d'Ankara d'extrader 18 Saoudiens accusés d'avoir assassiné le journaliste Jamal Khashoggi, Washington prévenant Ryad que la crise liée à ce meurtre risquait de déstabiliser le Proche-Orient.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir lors d'une conférence sur la sécurité régionale à Manama, Bahreïn, le 27 octobre.
Photo: AFP/VNA/CVN

"Ces individus sont des citoyens saoudiens. Ils sont détenus en Arabie saoudite, l'enquête est menée en Arabie saoudite et ils seront poursuivis en Arabie saoudite", a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, lors d'une conférence sur la sécurité à Manama.

Il oppose ainsi une fin de non-recevoir à Ankara qui réclame que les 18 suspects soient extradés pour être jugés sur son sol, car c'est au consulat saoudien à Istanbul que M. Khashoggi a été tué le 2 octobre.

Journaliste saoudien critique du palais, Jamal Khashoggi, mort à 59 ans, vivait aux États-Unis depuis 2017 et collaborait avec le Washington Post. Selon des responsables turcs, il a été victime d'un assassinat, soigneusement planifié et perpétré par une équipe d'agents venus de Ryad.

Après avoir nié sa mort, les autorités saoudiennes, sous la pression internationale, ont fini par admettre qu'il avait été tué au consulat lors d'une opération "non autorisée", soutenant que le prince héritier Mohammed ben Salmane n'était pas au courant.

Jeudi 25 octobre, le procureur général saoudien Saoud ben Abdallah Al-Muajab a évoqué pour la première fois le caractère "prémédité" du meurtre.

Stabilité "affaiblie"

Le ministre américain de la Défense Jim Mattis a prévenu l'Arabie saoudite que le meurtre de Khashoggi "doit tous nous inquiéter grandement", car il affecte la sécurité dans la région.

"Lorsqu'une nation cesse de respecter les normes internationales et la loi, elle affaiblit la stabilité régionale au moment où elle est la plus nécessaire", a ajouté le chef du Pentagone, également présents à la conférence du "Dialogue de Manama".

Le ministre américain de la Défense, James Mattis (gauche), lors de la conférence Manama Dialogue à Bahreïn, le 26 octobre.
Photo: AFP/VNA/CVN

Ce meurtre a suscité une vague de critiques internationales et affecté les relations de Washington avec le royaume.

Réunis samedi 27 octobre à Istanbul pour un sommet sur la Syrie, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont convenu d'avoir à l'avenir une "position coordonnée au niveau européen" sur d'éventuelles sanctions contre l'Arabie saoudite dans l'affaire Khashoggi.

Les autorités saoudiennes ont arrêté 18 suspects, et révoqué cinq responsables des services de sécurité, dont deux proches du prince héritier. Le royaume "surmontera" cette épreuve, a assuré samedi 27 octobre M. Jubeir.

L'affaire "fait l'objet d'une enquête. Nous connaîtrons la vérité. Les responsables devront rendre des comptes. Et nous mettrons en place des mécanismes pour nous assurer que ceci ne se renouvellera pas", a-t-il indiqué.

AFP/VNA/CVN

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