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La Première ministre britannique Theresa May, le 30 septembre 2017 à Manchester. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La cheffe de l'exécutif traîne comme un boulet la déconfiture des tories au scrutin du 8 juin, qui lui a coûté sa majorité absolue au Parlement, mais aussi une bonne partie de son autorité.
La dirigeante pâtit également des progrès poussifs des négociations sur la sortie de l'Union européenne, écartelée entre Brexiters purs et durs et partisans d'un divorce a minima, tandis que Bruxelles réclame du concret.
Pour le Pr Simon Usherwood, de l'Université du Surrey, "May est un handicap" pour son parti, et ne doit probablement sa survie qu'au risque que ferait peser son départ sur le maintien au pouvoir des conservateurs, au moment où le leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, surfe lui sur une dynamique favorable.
Résultat : la course à sa succession est en passe de devenir un marronnier dans la presse britannique, qui cite régulièrement comme possibles prétendants au 10, Downing Street l'impétueux ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, ou celui du Brexit, David Davis.
Histoire d'amadouer ses troupes avant le congrès, Theresa May a de nouveau assumé le revers électoral de juin, reconnaissant n'avoir pas su incarner ce conservatisme social qu'elle avait vanté en prenant ses fonctions en juillet 2016.
Le message "n'est pas passé", concède-t-elle dans un entretien publié cette semaine dans le magazine politique The House.
Elle tentera de rattraper le temps perdu en axant son discours de clôture du congrès, mercredi 27 septembre, sur cette thématique, qui traduit aussi une volonté de chasser sur les terres des travaillistes. Pour preuve, sa déclaration d'avant-congrès, véritable profession de foi pour un Royaume-Uni "plus juste pour les travailleurs".
Déterminée à rompre avec l'image pro-austérité qui colle aux tories, la Première ministre reprend presque mot pour mot le slogan de Jeremy Corbyn en prônant une société qui fonctionne pour "tous, pas seulement pour l'élite".
"Bojo" en embuscade
Le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, le 26 septembre 2017 à Bratislava. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les prises de parole mardi 26 septembre de ses rivaux potentiels - MM. Johnson et Davis - seront également scrutées de près. Le premier s'est encore offert récemment une séance de hors piste en rédigeant une tribune exposant sa vision du Brexit.
Publié dans le Telegraph quelques jours avant un discours majeur de Theresa May sur le sujet, la semaine dernière à Florence (Italie), le texte a été vu comme une provocation.
Jamais à court de surprises, "Bojo" a énoncé samedi 30 septembre dans le Sun ses "lignes rouges" sur la sortie de l'UE, estimant que la période de transition post-Brexitproposée par Mme May, pour un divorce sans douleur, devait se limiter à deux ans, et "pas une seconde de plus".
"Nous avons quitté (l'UE). Nous avons voté pour ça l'an passé. Il faut aller de l'avant", déclare-t-il dans le tabloïd, semblant critiquer en creux les orientations de la Première ministre.
Alors, doit-on s'attendre à une nouvelle initiative de Boris Johnson, voire de David Davis, à Manchester ?
Ni l'un ni l'autre "ne sont du genre à faire profil bas", souligne le Pr Usherwood. "Ils vont vouloir parler, haut et fort (...) et essayer de faire avancer leurs idées sur le Brexit".
À défaut de pouvoir raisonnablement songer à regagner l'autorité dont elle jouissait avant les législatives, May a elle "besoin de traverser cette conférence sans aggraver sa situation", en montrant qu'elle tient, malgré tout, les rênes du parti, du pays, et des négociations du Brexit, estime l'expert.
Dimanche 1er octobre, alors que les conservateurs deviseront sur leurs projets, plusieurs milliers de personnes sont attendues pour une marche anti-Brexit, en même temps qu'une manifestation contre l'austérité, devenue une tradition pendant les congrès conservateurs.
AFP/VNA/CVN