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Des policiers afghans après un attentat suicide contre une mosquée chiite, le 29 septembre à Kaboul. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le bilan aurait pu être bien plus lourd car, selon le ministère de l'Intérieur, trois suspects ont été arrêtés en plus du kamikaze qui, repéré, a été forcé de déclencher sa charge prématurément.
"Un kamikaze à pied qui faisait mine de faire paître ses moutons a déclenché sa charge avant d'atteindre sa cible, à 140 m environ de la mosquée chiite Hussainia" dans le quartier résidentiel de Qala-e-Fatullah, a indiqué le chef de la police le général Salim Almas, faisant état de six morts et 16 blessés.
De son côté, l'ONG italienne Emergency, dont l'hôpital à Kaboul est spécialisé en chirurgie de guerre, a annoncé sur Twitter avoir reçu "33 blessés dont six enfants".
Les premières images saisies juste après l'explosion, peu après 14h00 locales (9h30 GMT) ont montré un corps ensanglanté et des morceaux de corps humains devant des voitures et des vitrines dévastées, plusieurs moutons éventrés dans une rue jonchée de débris et une foule dense, en train de quitter la mosquée à l'issue de la grande prière du vendredi 29 septembre.
En cette journée fériée, la plupart des échoppes étaient cependant fermées.
Selon Ali Sija, un commerçant riverain de la mosquée, l'une des principales mosquées chiites de la capitale, "le kamikaze a essayé de franchir le barrage dressé par des civils à 200 m environ de la mosquée Hussainia mais il a été repéré et a déclenché sa charge. Il voulait essayer d'arriver à la mosquée pendant que la prière était encore en cours" a estimé ce témoin.
Carte de Kaboul localisant un attentat contre une mosquée chiite. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur Najib Danish a annoncé l'arrestation de "trois autres suspects, toujours détenus, sur le site de l'explosion".
Démenti taliban
L'acteur afghan Salim Shaheen se trouvait pour sa part à l'intérieur de la mosquée. "Nous étions en train de prier quand nous avons entendu un grand boum : nous avons cessé la prière pour nous ruer au-dehors ; j'ai vu plusieurs corps et nous avons emmené quinze personnes à l'hôpital", a-t-il raconté.
Toutes les victimes "sont des civils et des habitants du quartier" a précisé le chef-adjoint de la police de Kaboul, Sadeq Muradi. L'EI a revendiqué quelque heures plus tard l'opération dans un communiqué, a rapporté le site spécialié Site.
Les talibans avaient déjà prévenu qu'ils n'étaient pas impliqués : "Cette attaque à Kaboul n'a rien à voir avec nous, nous ne sommes pas concernés", a assuré leur porte-parole Zabihullah Mujahid.
La minorité chiite d'Afghanistan et les autorités redoutaient des attentats du groupe jihadiste État islamique (EI), composé d'extrémistes sunnites, en cette période de l'Achoura, la plus importante commémoration du calendrier chiite.
Pour cette raison la sécurité a été renforcée devant les lieux de prière chiites à Kaboul et des riverains, entraînés et armés, ont été recrutés pour assister les forces de l'ordre et repérer les suspects : ce sont eux, selon le patron de la police, qui ont barré la route du kamikaze et des autres assaillants à Qala-e-Fatullah.
Depuis l'été 2016, l'EI vise systématiquement les chiites d'Afghanistan à l'occasion des grandes célébrations religieuses.
Après plusieurs attentats sanglants à Kaboul, Herat (Ouest) et Mazar-e-Sharif (Nord), la foule et les responsables religieux avaient accusé les autorités de négligence, d'où ce nouveau dispositif de sécurité adopté en concertation avec les imams.
L'Achoura commémore la mort de l'imam Hussein, petit-fils du prophète tué en 680, dont la fin tragique constitue un épisode fondateur du chiisme.
L'an dernier, cette date essentielle du calendrier chiite avait été endeuillée par trois attentats et la mort d'une quarantaine de fidèles au moins dans des mosquées à Kaboul et Mazar-i-Sharif (Nord).
Dans un communiqué, le président Ashraf Ghani a célébré "l'unité de la nation", estimant qu'"aucun groupe ni aucun pays ne pourra jamais atteindre ses objectifs vicieux et illégitimes".
AFP/VNA/CVN