L'Union européenne déplore l'insuffisance des progrès sur le Brexit

Les dirigeants européens ont déploré vendredi 29 septembre à Tallinn l'insuffisance des avancées dans les négociations du Brexit, sur fond de débats cruciaux quant au futur de l'Union après le discours du président français Emmanuel Macron sur la relance de l'Union européenne (UE).

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Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à son arrivée au sommet européen de Tallinn, en Estonie, le 29 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au milieu de cette actualité brûlante, la dimension numérique de ce sommet européen voulu et organisé par l'Estonie, qui se veut à l'avant-garde du secteur, a été quelque peu occultée.

"Sauf miracle", "nous n'aurons pas de progrès suffisants" pour ouvrir "d'ici à la fin du mois d'octobre", comme prévu initialement, une nouvelle phase de discussions avec Londres sur les futures relations commerciales, a affirmé sans ambages le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

"Il est évident que plus de travail doit être fait", a renchéri le Premier ministre irlandais Leo Varadkar.

Ces réserves, en contradiction avec l'optimisme de la Britannique Theresa May -"de très bons progrès ont été faits"- apparaissent au lendemain de la conclusion d'un nouveau round de négociations entre Londres et Bruxelles sur les modalités du divorce prévu fin mars 2019.

La Première ministre britannique Theresa May, lors du dîner informel organisé avant le sommet européen de Tallinn, le 28 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le Royaume-Uni presse l'UE d'accéder à une deuxième phase des négociations, au cours de laquelle pourra être abordée la question de la future relation, notamment sur le plan commercial, mais les 27 lient le passage à cette nouvelle étape à des "progrès suffisants" dans trois domaines prioritaires: la garantie des droits des citoyens, les conséquences du Brexit pour l'Irlande et le "solde des comptes" entre Londres et l'UE.

"Bonne méthode"

"La méthode retenue est la bonne (...) Ça n'est en aucun cas l'intérêt de l'Union européenne d'ouvrir la discussion dès maintenant sur la vie d'après", a insisté le président français Emmanuel Macron à l'issue du sommet.

"Mais on a surtout passé du temps à parler de l'avenir", a-t-il souligné.

Le débat sur le futur de l'Europe, relancé mardi 26 septembre par le discours du Français à La Sorbonne, a en effet largement animé le sommet de Tallinn.

Les propositions françaises en faveur d'une Europe "à plusieurs vitesses" autour d'un couple franco-allemand consolidé étaient ainsi au menu d'un dîner informel, jeudi soir 28 septembre, entre les dirigeants européens.

Le président du Conseil européen, qui représente les États membres, Donald Tusk, a été chargé de proposer "dans les deux semaines" une feuille de route sur les réformes à mener en 2017 et 2018, en vue des deux prochains sommets de l'UE en octobre et en décembre. L'UE espère arriver à "des décisions concrètes" en juin 2018.

"Le discours du président" Macron constitue "une bonne base afin de continuer à travailler de façon intensive entre l’Allemagne et la France", avait affirmé jeudi 28 septembre la chancelière allemande Angela Merkel, estimant qu'il existait "un large consensus" entre les deux voisins sur les réformes à mener.

Le Français et l'Allemande se sont entretenus en tête-à-tête pendant une demi-heure jeudi soir 28 septembre, sans entrer dans les détails des propositions françaises, notamment sur la zone euro, les plus sensibles pour Berlin.

"Là, ce qui m'importe, c'est que nous incorporions le plus de membres possibles de la zone euro dans cette discussion", a simplement commenté Mme Merkel vendredi soir 29 septembre.

Taxer Google

Les idées du président Macron ont été accueillies plus fraîchement par d'autres pays, notamment dans les pays d'Europe centrale et orientale, traditionnellement opposés au concept d'Europe à plusieurs vitesses.

Le président français Emmanuel Macron prend la pose dans les rues de Tallin, en marge du sommet européen, le 29 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Diviser l'Europe en petits groupes est une erreur et ne mène qu'à sa destruction", a ainsi critiqué la Première ministre polonaise Beata Szydlo.

M. Macron a par ailleurs poussé vendredi en faveur d'une autre de ses propositions, visant à mieux taxer en Europe les géants du numérique (GAFA), comme Apple ou Google.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a annoncé dans la foulée de nouvelles règles en ce sens en 2018, malgré la résistance de certains États membres.

"Dans le secteur numérique, les taxes doivent être payées là où elles sont dues", a-t-il tranché.

Les GAFA sont accusés de pratiquer l'optimisation fiscale en transférant artificiellement les bénéfices réalisés dans toute l'UE dans un seul État membre, où elles bénéficient d'un taux d'imposition avantageux.

La France aimerait appliquer une taxe sur le chiffre d'affaires généré dans chaque pays européen et non plus sur les bénéfices.

Cette proposition a reçu, selon l'Élysée, le soutien d'une vingtaine de pays, dont l'Allemagne.

Mais d'autres, comme Chypre, Malte et l'Irlande, qui profitent de la concurrence fiscale dans l'UE, y sont farouchement opposés.

"Si nous voulons que l'Europe devienne numérique, la solution ne passe pas par plus de taxes et de règles. En fait, c'est tout le contraire", a argué l'Irlandais Leo Varadkar.

AFP/VNA/CVN

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