>>La France et les Pays-Bas volent au secours d'Air France-KLM
>>La compagnie aérienne Virgin Australia terrassée par le coronavirus
Un Airbus de British Airways stationné sur le tarmac de l'aéroport de Heathrow, (banlieue de Londres), le 10 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans une lettre au Premier ministre Boris Johnson, compagnies aériennes et aéroports britanniques enjoignent le gouvernement britannique de revenir sur cette décision "sans date de fin" d'instaurer deux semaines d'isolement, "qui va aggraver une situation déjà critique pour l'aviation britannique".
"Les gens vont tout simplement choisir de ne pas voyager depuis ou vers le Royaume-Uni" ce qui va rendre le secteur "incapable d'être compétitif" à l'heure où d'autres pays commencent à rouvrir leur économie, font-ils valoir.
Heathrow, d'ordinaire l'aéroport le plus fréquenté en Europe et un hub pour le trafic aérien mondial, a annoncé dans un communiqué avoir subi un effondrement de 97% du nombre de voyageurs, à 200.000 le mois dernier, essentiellement des personnes rapatriées de l'étranger après le début du confinement.
C'est en temps normal le nombre de passagers transportés en une seule journée, précise Heathrow qui ne prévoit pas de reprise du trafic à court terme.
Willie Walsh, patron du groupe aérien IAG, maison mère de British Airways, interrogé par la commission des Transports du Parlement britannique, a martelé que British Airways luttait pour sa survie.
"Nous avions prévu de reprendre, assez significativement, nos vols en juillet. Je pense que nous aurons à revoir cela", a-t-il prévenu, rappelant qu'il n'attend pas de retour au niveau de trafic d'avant le COVID-19 avant 2023 ou 2024, voire 2026.
Le deuxième pays le plus endeuillé du monde (environ 32.000 morts) par la pandémie va tout juste assouplir ses mesures de confinement qu'il maintiendra pour l'essentiel dans les prochaines semaines.
Heathrow prévoit de tourner encore au ralenti jusqu'à ce que les gouvernements suspendent les mesures de confinement et en raison de la quarantaine qui devrait être instaurée.
Les autorités aéroportuaires appellent Londres à établir une feuille de route expliquant les modalités de réouverture des frontières et à travailler avec les autres pays pour que les passagers puissent se déplacer librement une fois la pandémie enrayée.
De son côté, la compagnie EasyJet demande que la quarantaine ne soit "en place que pour une courte période pendant que le Royaume-Uni reste en confinement".
Liquidités qui fondent
Willie Walsh a par ailleurs justifié la suppression de 12.000 postes chez British Airways, soit plus d'un quart des effectifs, en affirmant que c'est une question de "survie" pour la compagnie qui engrange le plus de bénéfices mais affiche aussi les coûts fixes les plus élevés du groupe IAG, selon lui.
"Tous ceux qui pensent que (traverser cette crise) sera facile rêvent", a-t-il insisté.
Nombre d'employés l'accusent de profiter de la crise du coronavirus pour revenir sur leurs avantages contractuels et sur tous les aspects de leurs conditions de travail.
Le dirigeant a répliqué à ces attaques en assurant que des consultations pour atténuer l'impact des licenciements allaient se tenir le plus tôt possible, éludant toutefois les questions sur la remise en cause du contrat des employés.
Il assure qu'IAG met en vigueur une restructuration "dans l'ensemble du groupe face à la plus grande crise que le secteur et les compagnies d'IAG aient jamais affrontée".
Les syndicats britanniques et le parti travailliste ont demandé à l'exécutif de lancer un plan d'aide spécifique au secteur aérien, l'un des plus meurtris par la crise sanitaire et économique.
Virgin Atlantic est notamment au bord de la faillite et son fondateur le milliardaire Richard Branson va vendre pour 500 millions d'USD d'actions de la compagnie de tourisme spatial Virgin Galactic afin de renflouer le transporteur aérien et ses autres activités frappées par la pandémie.
Outre l'avenir de certaines compagnies aériennes, c'est également celui de l'aéroport londonien de Gatwick qui est en jeu. Virgin Atlantic a décidé d'y arrêter pour l'heure ses activités.
M. Walsh a assuré qu'il voyait un avenir pour British Airways à Gatwick, qu'il juge "par bien des aspects mieux géré qu'Heathrow".