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Un tracteur dans une rizière près de Robbio, le 8 mai. |
Recette star des tables italiennes, en particulier dans le Nord, le risotto est aussi prisé des Chinois qui importent les variétés de riz nécessaires à sa préparation, comme le "Carnaroli", l'"Arborio", le "Roma ou le "Baldo". "C'est parce que notre riz est de meilleur qualité de celui qui est cultivé en Chine", vante Stefano Greppi, président de la section de Pavie de la Coldiretti, premier syndicat agricole italien.
Également propriétaire d'une ferme rizicole dans les environs, il se félicite de la récente signature, en pleine pandémie, d'un accord permettant l'exportation vers la Chine de riz "made in Italy". Une bonne nouvelle pour les producteurs des provinces de Pavie (Lombardie), de Vercelli et de Novara (Piémont) qui concentrent à elles trois 95% de la production italienne.
"C'est un peu comme vendre de la glace aux esquimaux", se réjoussait le quotidien Il Corriere della Sera au lendemain de la signature du protocole sino-italien, début avril. "Les portes de l'immense marché chinois s'ouvrent au riz (et au risotto) cultivé dans les campagnes autour de Pavie", ajoutait le journal qui expliquait qu'il existe déjà en Chine des "imitations autochtones du risotto à l'italienne".
Répartie sur 220.000 hectares cultivés par 4.200 producteurs dans tout le pays, la production italienne de riz représente à elle seule 1,5 million de tonnes, soit près de 50% du total de l'Union européenne. Elle compte plus de 200 variétés, chacune avec ses particularités. L'Europe reste toutefois un poids plume de la planète rizicole avec à peine 0,4% de la production mondiale (500 millions de tonnes annuelles), tandis que 90% sont cultivés en Asie.
Mieux que la "pasta"
S'il a le vent en poupe à l'international, le riz italien retrouve aussi des couleurs sur ses terres, sa consommation ayant bondi de 47% pendant les six premières semaines de la pandémie. La demande a même détrôné celle de la reine "pasta" pendant cette période, selon la Coldiretti.
Une rizière à Robbio en Lombardie, le 8 mai. |
"Pendant l'urgence liée au COVID-19, il y a eu une redécouverte du riz et aussi du risotto, qui a toujours été un peu snobé dans la cuisine italienne", explique Stefania Buffa, 27 ans, rizicultrice à Robbio (Lombardie). "Les supermarchés ont littéralement été pris d'assaut", se félicite-t-elle. Sergio Lombardi, 63 ans, dont la ferme est implantée sur la même commune, explique que "la région peut compter sur une réserve en eau et un approvisionnement constant pendant toute la durée de la culture du riz, ce qui n'est pas possible dans de nombreuses régions d'Italie". Semé au printemps, le riz est récolté en Italie entre septembre et octobre.
Introduit dans le nord de la péninsule au XIIe siècle par les moines cisterciens, qui se chargèrent de bonifier ces terres insalubres et boisées, où sévissait la malaria, le riz a bénéficié ensuite de l'arrivée des canaux, dont l'agencement a été dessiné par le génial Léonard de Vinci, puis de la mécanisation.
Jusqu'aux années 1950-1960, on venait du sud de l'Italie, notamment les femmes, qu'on appelait +mondine+ (les émondeuses saisonnières), pour venir travailler dans la plaine du Pô. Leurs conditions de travail très dures ont inspiré la célèbre chanson Bella ciao ainsi que le cinéma néoréaliste avec notamment Riz amer (Riso amaro, 1949) avec Silvana Mangano et Vittorio Gassman.