Cet écart de 11 années suffit à résumer la carrière de l'Américaine. Son premier succès à Paris en 2002, face à sa sœur Venus, alors qu'elle n'avait que 20 ans, avait été le premier de cinq titres du Grand Chelem consécutifs.
Pendant deux années, en 2002 et 2003, les deux frangines ont tout écrasé sur leur passage. Puis la motivation de Serena a chancelé et au gré des blessures, et des absences, elle n'a plus gagné de titres que de manière épisodique.
Mais tout a changé pour l'Américaine quand elle a été éliminée l'an passé au premier tour à Roland-Garros par la Française Virginie Razzano. Après avoir vu la mort de près avec son embolie pulmonaire en mars 2011, elle s'est convaincue de rattraper le retard accumulé.
"Beaucoup souffert"
Depuis le "Roland" 2012, Serena est devenue un ouragan qui dévaste tout sur son passage. Samedi, elle a signé sa 74e victoire sur cette période, pour seulement trois défaites, dont deux alors qu'elle était amoindrie physiquement.
Serena Williams dans les vestiaires de Roland-Garros avec la Coupe Suzanne Lenglen le 8 juin 2013 à Paris |
Elle a remporté 11 titres sur 14 tournois disputés, s'imposant à Wimbledon, aux JO, à l'US Open, au Masters, et finalement à Roland-Garros.
"Elle a beaucoup souffert de cette élimination au premier tour l'an dernier, c'était un vrai choc pour elle. Elle a donné la meilleure réponse, elle a fait un travail de reconstruction pour devenir peut-être plus forte qu'elle ne l'a jamais été", explique le Français Patrick Mouratoglou, qui l'entraîne depuis un an exactement.
"Être un champion, ce n'est pas seulement remporter des victoires, c'est aussi comment on se remet après des déceptions", a-t-elle expliqué pour sa part.
Le 8 juin, Serena a décroché son 16e titre du Grand Chelem. À 31 ans et 247 jours, elle est devenue la joueuse la plus âgée à gagner Roland-Garros depuis le début de l'ère Open (1968).
Proche d'Evert et Navratilova
Elle fond désormais sur les plus grandes dames du tennis contemporain. Elle n'est plus qu'à deux longueurs de Chris Evert et Martina Navratilova (18), et quatre de Steffi Graf (22). Ces quatre joueuses sont les seules de l'ère Open à avoir gagné au moins deux fois chaque tournoi du Grand Chelem.
Et elle ne compte pas s'arrêter là. "J'essaie toujours d'aller plus haut", a-t-elle expliqué. "Aujourd'hui, je voulais juste gagner Roland-Garros. J'avais oublié que c'était le 16e. C'est vraiment spécial. Je veux continuer mon voyage et en avoir encore quelques autres".
Mouratoglou la croit capable "d'aller chercher" Evert et Navratilova, si elle "garde cette mentalité". Car sa joueuse a dû démontrer toutes ses qualités de guerrière pour remporter sa 31e victoire consécutive cette saison - record en carrière amélioré - et mettre à la raison une Sharapova qui s'est elle-même battue comme une lionne.
La Russe, qui va redescendre au 3e rang mondial le 10 juin, n'a plus battu Serena depuis 9 ans et le Masters 2004 : 13 défaites consécutives. Mais elle a montré tout son orgueil pour faire de cette finale la plus fascinante de ces dernières années.
Sharapova avait reçu quelques claques de l'Américaine, comme en finale des JO de Londres (6-0, 6-1). Mais cette fois-ci, elle peut être fière de ce qu'elle a montré, après avoir confirmé ses progrès sur une surface qu'elle avait longtemps détestée.
"Elle a tapé fort, joué très profond, elle a mieux servi que moi et elle a saisi ses occasions, a-t-elle observé. Je lui ai offert une belle résistance, mais elle a joué extrêmement bien. Je n'ai pas trop de regrets. Et je retire quelques points positifs de ce match".
AFP/VNA/CVN