L'Italien Marco Cecchinato après sa victoire sur le Serbe Novak Djokovic, le 5 juin à Roland-Garros. |
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Après un dernier jeu décisif à couper le souffle (6-3, 7-6 (7/4), 1-6, 7-6 (13/11)), le Sicilien de 25 ans n'en revenait pas. "Êtes-vous sûr? Peut-être que je suis en train de dormir". C'est un véritable conte de fées pour le Palermitain, 72e mondial, qui n'avait jamais gagné un match en Grand Chelem et a échappé en 2016 à une suspension de dix-huit mois dans une affaire de paris truqués présumés.
"Quand j'ai vu mon retour prendre la ligne, cela a été le plus beau moment de ma vie", a dit cet habitué des tournois de deuxième division, que l'Italie rêve de voir succéder à Adriano Panatta, champion en 1976.
C'est comme si Cecchinato entamait une nouvelle carrière huit ans après ses débuts professionnels. Tout a commencé fin avril avec un premier titre à Budapest, en tant que lucky loser. Puis le déclic a eu lieu Porte d'Auteuil quand, dominé deux sets à rien par le Roumain Marius Copil, il a renversé le match pour s'offrir son premier succès dans un "Majeur".
Après trois autres tours, dont deux contre des têtes de série, l'Espagnol Pablo Carreno (11e) et le Belge David Goffin (9e), il avait droit à un duel de prestige avec Djokovic, le lauréat de l'édition 2016.
Djokovic déconfit
Porté par un service efficace, le Palermitain a poussé "Djoko" à faire l'essuie-glace tout en faisant admirer sa panoplie de coups (amorties, lobs, volées tranchantes...). Moins en réussite dans la troisième manche, il a refait surface lorsque le Serbe a servi pour égaliser.
Le Serbe Novak Djokovic salue le public après son élimination à Roland-Garros, le 5 juin. |
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Avant de l'achever sur sa quatrième balle de match dans un tie-break ébouriffant de suspense où "(son) cœur a battu la chamade" et où Djokovic s'est procuré trois balles de set. Sur la dernière, un coup droit expédié dans les airs, le Serbe a porté ses mains devant son visage, vraisemblablement gêné par le bruit du public.
"Cette défaite est difficile en particulier parce qu'elle arrive au bout de mois de reconstruction et que j'avais une grande chance de franchir, au moins, une étape de plus", a réagi, déconfit, "Djoko", qui court après son meilleur niveau depuis deux ans.
Très affecté, il s'est précipité en conférence de presse après le match, expédiant la plupart des questions de manière laconique. Et il "ne sait pas" s'il jouera la saison sur herbe, dont Wimbledon (2-15 juillet). "Je ne veux pas penser au tennis à cet instant précis", a lâché l'ancien N°1 mondial tombé au 22e rang.
Zverev a craqué
L'exploit de Cecchinato a presque éclipsé le duel de la "nouvelle vague", remporté par son prochain adversaire, l'Autrichien Dominic Thiem (8e), face au N°3 mondial, l'Allemand Alexander Zverev.
Le face-à-face entre deux des plus sérieux concurrents de Rafael Nadal promettait. Mais le grand Sasha (1,98 m) a été rapidement lâché par son corps, sa cuisse gauche précisément, et le duel a tourné court: 6-4, 6-2, 6-1 en moins de deux heures. Sans doute le prix de ses trois précédents matches à rallonge, gagnés en cinq sets après avoir été dos au mur.
"À chaque jeu, chaque glissade, ça empirait. Au milieu du deuxième set, la douleur était trop importante", a raconté l'Allemand de 21 ans qui reconnaît avoir "pensé" à abandonner.
À 24 ans, Thiem, le seul joueur à avoir fait mordre la poussière à Nadal sur terre battue ces deux dernières saisons (deux fois), atteint lui pour la troisième année d'affilée le dernier carré à Paris. "J'aime tellement ce tournoi. Quand j'étais encore junior, je n'aurais jamais imaginé ça, s'est réjoui l'Autrichien. Maintenant, c'est le moment de faire encore plus. J'espère franchir un palier supplémentaire".
Chez les dames, les amies américaines Sloane Stephens (25 ans) et Madison Keys (23 ans) se retrouveront en demi-finale à Paris, neuf mois après leur finale à l'US Open remportée par Stephens.
"Super pour le tennis américain", s'est réjoui la première, N°10 mondiale et tombeuse 6-3, 6-1 de la jeune Russe Daria Kasatkina (14e). Keys (13e) s'est elle qualifiée aux dépens de la Kazakhe Yulia Putintseva (98e), 7-6 (7/5), 6-4 et n'a toujours pas perdu le moindre set.