Roland-Garros: Federer et la terre battue, je t'aime, moi non plus

Après trois éditions manquées, Roger Federer s'apprête à faire son retour sur la terre battue de Roland-Garros, la surface qui lui sourit le moins et qu'il a évité les deux saisons précédentes, mais aussi la surface sur laquelle il a grandi.

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Le Suisse Roger Federer contre son compatriote Stan Wawrinka en quart de finale à Roland-Garros, le 2 juin 2015.
Photo: AFP/VNA/CVN

Si l'on se réfère aux statistiques, c'est sur terre battue que Federer connaît le moins de succès. Parmi ses 101 titres, le Suisse aux vingt couronnes record en Grand Chelem n'en a gagné "que" onze sur ocre. Au total, il y affiche 76% de réussite (218 victoires pour 69 défaites) quand, sur les autres surfaces, il atteint au moins les 80%. Sur gazon, sa surface de coeur, celle sur laquelle il a triomphé huit fois à Wimbledon, il dépasse même les 87% de victoire. Et Roland-Garros est le seul tournoi du Grand Chelem où il n'a été sacré qu'une fois. Il y a dix ans.

Alors la terre battue, pas la tasse de thé de Federer ? Pas si simple. Oui, c'est la surface qu'il a délibérément esquivée en 2017, saison de son retour après une pause de six mois consécutive à une opération du genou gauche, comme en 2018, pour se ménager en vue de Wimbledon, invariablement son objectif prioritaire.

Le Suisse, qui fêtera ses 38 ans début août, ne cachait pas il y a quelques mois ne pas avoir "joué un seul point sur terre battue l'année dernière" et seulement "deux jours dessus l'année précédente".

Cinq finales à Roland-Garros

Oui, il a également reconnu depuis que ça ne lui avait "pas vraiment manqué", 2016 mis à part, quand son dos l'avait contraint à renoncer à Roland-Garros.

"La saison suivante, c'était une décision pour la longévité de ma carrière, ma santé et ma famille. J'ai profité d'être à la maison", expliquait-il début mai à Madrid, théâtre de son grand retour sur terre battue après trois ans sans la fouler (depuis mai 2016 précisément).

Impossible, néanmoins, de ne pas expliquer en bonne partie la moindre réussite de Federer sur ocre par l'obstacle auquel il s'est heurté si souvent, Rafael Nadal, onze fois victorieux de Roland-Garros, un record.

C'est précisément ce que pointe Dominic Thiem, finaliste Porte d'Auteuil il y a un an. "Roger est aussi un des meilleurs joueurs de l'histoire sur cette surface. La seule chose qui l'a stoppé tellement de fois, c'est Rafa (Nadal). Probablement que si Rafa n'avait pas été là, il aurait gagné cinq ou six fois Roland-Garros", estimait récemment l'Autrichien.

De fait, en plus de la finale qu'il a remportée en 2009 (contre Soderling), Federer a joué - et perdu - quatre autres finales à Paris, toutes contre Nadal (2006-2008 et 2011).

"Il a grandi dessus"

"Il est à l'aise sur cette surface, il sait comment bouger. En Suisse, il a grandi dessus", soulignait Thiem.

Ce qui a permis à Federer de vite retrouver ses habitudes quand il a repris l'entraînement sur terre battue au début du printemps, entre les montagnes des Grisons et Zurich.

"Ça prend un peu de temps de se réhabituer à construire les points un petit peu plus, parce qu'il y a plus de jeu de fond de court, qu'on peut jouer avec plus d'angles, varier les hauteurs... Mais, honnêtement, ça n'a pas été si difficile", résumait-il.

"L'important, quand on change de surface, c'est de s'y ajuster rapidement dans la tête, pour avoir les bons réflexes. Par chance, c'est une des qualités les plus sous-estimées de Roger. Sa capacité d'adaptation est fascinante", loue dans une récente interview au quotidien suisse Blick son préparateur physique de longue date, Pierre Paganini, épaté par l'enthousiasme intact de son illustre élève, "arrivé comme un enfant impatient avant son premier voyage de classe".

"Mon problème de genou, qui avait joué dans la décision (de ne pas jouer) en 2017, est loin maintenant. Ça me fait plaisir d'être de retour sur terre battue", confirmait Federer, qui sent de nouveau son corps "suffisamment fort de nouveau pour encaisser les changements de surface".

Après deux victoires à Madrid comme à Rome, le Suisse ne fait en tout cas pas les choses à moitié depuis son arrivée à Paris: il s'est entraîné deux heures mardi, avec l'Argentin Diego Schwartzman, puis encore deux heures mercredi, cette fois avec le Belge David Goffin.

AFP/VNA/CVN

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