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Le lit asséché d'un bras de rivière alimentant le barrage de Yovkovtsi, près de la ville d'Elena, le 2 juillet en Bulgarie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Rumyana Tsoneva, 69 ans, n’est plus surprise de voir son robinet sec. Dans sa cour, l’eau n’arrive qu’en filet et seulement quelques heures par jour. "Cela fait 15 ans que ça dure, mais chaque année, la situation empire", soupire-t-elle. Ancienne agronome, elle vit seule avec son chien et ses poules, et voit son potager souffrir. La récolte de maïs sera nulle cette année.
Gorna Studena, à une trentaine de kilomètres du Danube, est en état d’urgence depuis un mois. L’eau y est rationnée, mais certaines maisons en sont privées plus de deux jours d'affilée. Le village ne compte plus que 200 habitants, contre 2.000 dans les années 1960. École, pharmacie et centre médical ont disparu.
Et la situation dépasse largement les frontières du village : plus de 156.000 Bulgares subissaient des coupures d’eau à la mi-juillet, selon les autorités. Le pays, déjà le plus pauvre de l’UE, est confronté à une crise hydrique qui attise la colère d’une population excédée.
Réseaux vétustes, climat aride
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Un habitant se rafraîchit le visage à une source d'eau dans le village de Gorna Studena, lors d'une pénurie d'eau, le 2 juillet en Bulgarie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour Emil Gachev, expert de l’Académie des sciences, la situation est le fruit d’une mauvaise gestion aggravée par le réchauffement climatique. Les canalisations, posées il y a parfois plus de 60 ans, fuient de partout. "Une goutte sur deux est perdue avant d’arriver au robinet", note-t-il, citant les chiffres de la fédération EurEau.
Les détournements d’eau illégaux par des particuliers et même des entreprises compliquent encore la situation. Et avec des barrages-réservoirs parfois remplis à seulement 20%, la sécheresse menace d’empirer.
Selon une étude récente présentée par Gachev, la Bulgarie est proche d’une crise hydrique généralisée, touchant l’ensemble du territoire. "Ce n’est pas un problème localisé, mais systémique, avec des conséquences sociales, sanitaires et économiques graves", alerte-t-il.
Une commission parlementaire vient d’émettre des recommandations, notamment la création d’un fonds national pour moderniser les infrastructures.
Vivre avec des seaux
Face à l’urgence, l’État a installé des citernes d’eau dans certains villages. Mais cela ne suffit pas. À 83 ans, Nivyana tente de faire sa lessive : "Je voulais laver mes vêtements, mais l’eau s’est tarie avant que je puisse finir", dit-elle, seau à la main.
Le maire, Plamen Ivanov, croule sous les appels. "Les uns accusent ceux du bas d’en avoir trop, les autres râlent des coupures. Tout le monde est en colère".
Rumyana, elle, refuse d’accuser uniquement le climat : "Le changement climatique existe, mais il sert d’excuse à l’inaction. On ne demande pas une piscine, juste une vie normale".
AFP/VNA/CVN