Requins, dauphins, baleines... les eaux californiennes affichent complet

En Californie, un aileron de requin qui se déplace à la surface de l’eau n’est plus simplement une réminiscence des «Dents de la mer»: la présence de ces prédateurs est à un niveau record depuis 30 ans près du rivage de Los Angeles.

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Les requins sont attirés par les ressources alimentaires du secteur.
Photo : Internet/CVN

Mais il n’y a pas que des requins qui affluent près des côtes californiennes. On voit depuis Malibu des dauphins onduler à seulement quelques mètres de la célèbre plage et le nombre de baleines y a quadruplé.

Sans parler de l’arrivée d’espèces tropicales : «Je n’avais jamais entendu parler d’un dauphin bleu au nord de la Californie», constate Elliott Hazen, de l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).

Ce raz-de-marée animal provoque quelques rencontres malheureuses avec les humains: fin mai, une nageuse a été gravement blessée près de Los Angeles, dans l’Ouest des États-Unis, après avoir été attaquée par un requin.

Les maîtres-nageurs sont désormais aux abois et des drones sont parfois utilisés pour surveiller les allées et venues de ces énormes poissons aux centaines de dents acérées, dont la présence a entraîné plusieurs fermetures de plages.

L’arrivée de mammifères marins tout près du rivage fait aussi la joie des touristes et des amoureux de la nature.

«L’industrie des promenades en mer pour aller voir les baleines est en plein boom», tout comme les expéditions pour pêcher le marlin à bec pointu, se félicite Elliott Hazen.

L’effet El Niño dans l’Atlantique

Les scientifiques expliquent en partie cette prolifération par le phénomène océanique El Niño, une invasion d’eau chaude qui se produit aux environs de Noël le long des côtes de l’Équateur et du Pérou et qui entraîne une hausse de la température du Pacifique.

Ces deux dernières années, El Niño a été si prononcé qu’il s’est fait ressentir jusque dans l’Atlantique : à New York, en Caroline du Sud et en Floride, sur l’autre côte américaine, les requins se prélassent aussi et des morsures ont également lieu régulièrement.

Un visiteur immortalise un requin White Tip Reef à l’Aquarium du Pacifique à Long Beach, en Californie.
Photo : AFP/VNA/CVN

«El Niño a modifié les routes de migration des bébés requins blancs», explique Chris Lowe, du Shark Lab de l’Université Cal State à Long Beach.

Ces bébés prédateurs s’installent durablement au large de la Californie au lieu de migrer vers le Mexique, d’autant qu’ils y trouvent des proies à profusion: dauphins, otaries, crabes, etc.

Les baleines, qui normalement voyagent aussi de l’Alaska vers l’hémisphère Sud, élisent domicile pendant des mois dans le Pacifique Nord car «elles y trouvent quantités d’anchois», remarque M. Hazen.

Grâce aux eaux plus chaudes, «les ressources alimentaires des requins reviennent aussi» au large de San Francisco ou de Los Angeles, poursuit Chris Lowe.

Quant au rôle du réchauffement climatique de la planète et des océans sur cette prolifération de la faune le long des côtes, il n’est pas encore très clair : pour le capitaine de bateau Dan Salas, les perturbations des routes marines observées ces dernières années en portent clairement la signature ; mais pour Chris Lowe, «il est difficile de faire la distinction entre les deux derniers El Niño forts qu’on a eus et le réchauffement climatique».

Chaîne alimentaire reconstituée

Le dérèglement des comporteents aquatiques fait en tout cas déjà des victimes: pendant que les baleines se régalent d’anchois qui tentent de trouver des eaux fraîches plus loin des côtes, les otaries en manquent près du rivage et s’épuisent.

Outre les phénomènes liés au climat, l’afflux d’animaux près des côtes s’explique aussi par les mesures de protections d’espèces en voie de disparition mises en place il y a plusieurs dizaines d’années et qui portent leurs fruits, notamment pour les otaries et les dauphins.

«On pouvait pêcher les requins jusqu’en 1994, ils étaient vendus sur les marchés aux poissons, particulièrement les bébés», fait remarquer M. Lowe.

La présence animale près des plages pourrait donc durer. Faut-il donc craindre de mettre le pied dans le Pacifique ? La sortie prévue dans deux mois d’un nouveau thriller sur un requin tueur, «Instinct de survie», promet une dose d’angoisse.

Pourtant, remarque Chris Lowe, «le taux d’attaques par tête est en fait en baisse», alors qu’«il y a de plus en plus de gens qui se baignent, s’éloignent du bord et ont un comportement risqué dans l’eau» en surfant ou faisant du paddle board entre autres aventures nautiques.

«On a bien plus de chance de mourir d’un accident de voiture en allant à la plage que d’une attaque de requin une fois qu’on y est», conclut-il.


AFP/VNA/CVN

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