France
Réorganisation en vue à l'Électricité de France, confronté à de lourds défis

Renationalisation à 100% et changement de patron : le gouvernement français s'apprête à réorganiser l'Électricité de France (EDF), confronté à de lourds défis industriels et financiers.

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Le Pdg du groupe EDF, Jean-Bernard Lévy, à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

La Première ministre Élisabeth Borne a annoncé mercredi 6 juillet devant l'Assemblée nationale une renationalisation à 100%, déjà évoquée en mars par Emmanuel Macron.

Jeudi matin 7 juillet, le ministère de l'Économie a annoncé lancer "dès à présent" le processus de succession du Pdg Jean-Bernard Lévy, afin de mettre "rapidement" en œuvre la renationalisation annoncée et les "chantiers d'envergure (qui) seront lancés par l'entreprise dans les prochains mois".

Le mandat de ce polytechnicien de 67 ans, à la tête d'EDF depuis 2014, une durée remarquable, devait prendre fin au plus tard le 18 mars 2023. "On pressent que l’État va désigner quelqu'un qui lui soit totalement inféodé, pour mettre en œuvre son projet de renationalisation dont nous n'avons aujourd'hui pas les contours", s'inquiète Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-Unsa énergies pour EDF.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a indiqué jeudi 7 juillet souhaiter "que la nouvelle direction d'EDF soit opérationnelle dès la rentrée prochaine". "Il faut que ce soit quelqu'un qui maîtrise les grands programmes industriels, mais également qui ait le sens du compromis", a-t-il ajouté sur Europe 1. D'ici à l'arrivée de son successeur, M. Lévy reste en fonction.

"Deux voies possibles"

"Nationaliser EDF, c'est nous donner toutes les chances d'être plus indépendants dans les années qui viennent en matière énergétique", a défendu M. Le Maire. "C'est une décision stratégique forte et nécessaire pour le pays".

"Nous avons inscrit 12,7 milliards d'euros en compte d'affectation spéciale du Trésor pour financer l'opération de nationalisation d'EDF, mais aussi d'éventuelles autres opérations qui pourraient être nécessaires d'ici la fin de l'année", a-t-il déclaré sans plus de précisions, à l'issue du Conseil des ministres.

Le gouvernement cite "notamment le lancement du programme de construction de six réacteurs nucléaires EPR 2 et la contribution d'EDF au développement accéléré des énergies renouvelables".

Des opérateurs près de l'enceinte du réacteur de l'EPR de Flamanville, le 14 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Lors du conseil d'administration jeudi 7 juillet, "deux voies possibles" ont été évoquées pour la renationalisation: soit par la loi, soit par une offre de rachat pour sortir de la Bourse, ce qui pourrait être plus rapide et bouclé d'ici la fin de l'année, selon la source proche du conseil.

Dix-sept ans après l'ouverture de son capital et son entrée en Bourse fin 2005, le groupe est aujourd'hui détenu par l’État à près de 84%, par les salariés pour 1% et par des actionnaires institutionnels et individuels pour les 15% restants. Le groupe, fortement endetté, est confronté à de lourdes charges financières, présentes et à venir, et de vastes chantiers industriels.

Au moment où des agences de notation envisagent d'abaisser sa note, passer à 100% sous la houlette de l’État, avec une caution publique pleine et entière, vise à envoyer un signal de confiance, et permettre au groupe de mieux se financer, note-t-on de source proche du dossier.

Alors qu'environ la moitié de ses 56 réacteurs est aujourd'hui à l'arrêt, pour maintenance ou des problèmes de corrosion apparus récemment, EDF doit gérer l'entretien d'un parc vieillissant. Le gouvernement lui demande aussi de lancer un programme de nouveaux EPR, dont le seul modèle actuellement en construction en France, à Flamanville (Manche), accuse plus de dix ans de retard.

Plombé par une dette qui pourrait atteindre plus de 60 milliards d'euros fin 2022, EDF a en outre vu sa situation financière dégradée par la décision du gouvernement de lui faire vendre davantage d'électricité bon marché à ses concurrents. Une décision qui a quelque peu tendu les rapports entre M. Lévy et l'État.

Quant aux représentants du personnel, ils ont accueilli la nouvelle d'une renationalisation avec méfiance, craignant une restructuration plus vaste, dans le cadre de négociations menées sur le statut de l'entreprise entre Paris et Bruxelles.

"Tant que l’État ne nous indiquera pas précisément ses intentions et les contours du projet, on ne sera pas rassuré sur le devenir du groupe et notamment la préservation de son caractère intégré, important pour le groupe et le service public de la nation", a souligné Mme Henri.


AFP/VNA/CVN

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