Actuellement, les provinces du Tây Nguyên recensent 500.000 hectares de caféiers, représentant plus de 90% de la superficie nationale et plus de 92% du volume de café du pays. Néanmoins, cette région devra nécessairement remplacer environ 100.000 hectares de caféiers puisque leur rendement a fortement décliné, ces pieds ayant été plantés pendant les années 1980-1990. En effet, le rendement très faible (1,2 tonne par hectare) ne correspond qu'à la moitié du rendement moyen au niveau national et qu'au tiers de celui d'autres pays dans la région.
"Pendant longtemps, le secteur du café ne s'est préoccupé que de la question de la plantation et de la récolte, négligeant le vieillissement des pieds et donc la baisse de leur rendement. C'est aujourd'hui un problème alarmant qui doit être pris à bras le corps", fait remarquer Lê Ngoc Bau, directeur de l'Institut des sciences et des techniques agricoles et sylvicoles du Tây Nguyên.
Actuellement, la province de Lâm Dông recense 40.000 hectares de caféiers rabougris et 15.000 hectares de caféiers montrant des signes de vieillissement. "Il est temps de rajeunir les plantations pour augmenter le rendement ou de les remplacer par d'autres pieds, de sorte que les terres soient mieux exploitées", estime Pham Van An, directeur du Service de l'agriculture et du développement rural de Lâm Dông.
Selon le plan de développement de la culture de caféiers d'ici 2015 et sa vision 2020, Lâm Dông maintiendra la superficie dédiée aux caféiers à 135.000 ha, soit une baisse de près de 8.000 ha par rapport à l'heure actuelle. En particulier, la province se penche sur les nouvelles variétés selon le programme provincial de production agricole appliquant les technologies avancées.
Manque de fonds
Mais, un problème de taille se pose pour les planteurs du Tây Nguyên : les capitaux pour remplacer les plantations. "Rajeunir les plantations de caféiers coûte environ 100-120 millions de dôngs par hectare. Pour les grandes entreprises, ces dépenses ne sont pas un obstacle, mais pour les foyers planteurs, c'est une autre histoire", constate Lê Ngoc Bau, directeur de l'Institut des sciences et des techniques agricoles et sylvicoles du Tây Nguyên. Sans compter qu'il y a un autre souci : lorsque l'on décide de replanter de nouveaux pieds, il faut attendre trois ans avant la première récolte. Mais la plupart des planteurs au Tây Nguyên vivent du revenu gagné chaque année grâce au café et ne peuvent se permettre d'attendre aussi longtemps... Les cultivateurs ont donc besoin de percevoir des subventions de la part de l'État, notamment les entreprises de trans- formation de café, au moins pendant les deux premières années.
Le professeur Nguyên Lân Hùng propose une autre alternative : les cultivateurs peuvent, dans leurs plantations rabougries, intercaler d'autres espèces comme l'avocatier. Après trois ans, lorsque ces derniers commenceront à donner des fruits, ils pourront arracher les cafiers à faible rendement. En revanche, les plantations malades et/ou parasitées doivent être détruites dans leur totalité, puis remplacées, pendant au moins deux ans, par d'autres cultures (le cotonnier est le meilleur choix) avant de planter à nouveau des caféiers. Histoire que les nouveaux pieds ne soient pas malades à leur tour...
Dans la province de Dak Lak, hauts plateaux du Centre, la sarl de transformation de café Ea H'Nin, membre de la Compagnie générale de café du Vietnam, basée dans le district de Cu Kuin, gère environ 887 hectares de caféiers, dont 70% ont été plantés depuis 20-30 ans et donnent aujourd'hui un faible rendement. Ces trois dernières années, la sarl s'est lancée dans l'amélioration des plantations par l'élagage des branches abimées, la bouture des meilleurs pieds ou la replantation. Ainsi, la majeure partie des plantations qu'elle gère donne un rendement moyen de 12 tonnes de fruits frais par hectare, soit l'équivalent de trois tonnes de graines/ha. Selon les prévisions, d'ici 2015, la société aura remplacé la totalité de ses caféiers peu productifs.
Linh Thao/CVN
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