Référendum contre le mariage gay en Croatie

Les Croates ont commencé à voter dimanche 1er décembre sur une révision de la Constitution visant à empêcher le mariage homosexuel, un vote réclamé par des ONG conservatrices mais vivement dénoncé comme discriminatoire par des militants des droits de l'homme.

Les électeurs doivent répondre à la question de savoir si le mariage doit être défini par la Constitution comme "l'union entre un homme et une femme" dans ce pays de 4,2 millions d'habitants, tout récemment devenu membre de l'Union européenne, et où l'Église catholique, qui a donné son plein soutien à l'organisation de cette consultation, joue un rôle très important.

Les bureaux de vote ont ouvert à 06h00 GMT et le resteront jusqu'à 18h00 GMT. Les premiers résultats partiels sont attendus tard dans la soirée.

"Nous sommes un pays catholique et la famille est très importante de nos jours, pourquoi détruire ce qui a existé pendant des siècles?", demande Jasna Badovinac, une retraitée de 62 ans, après avoir voté pour l'adoption de cet amendement. Bozena Ivezic, 60 ans, une fonctionnaire, a voté contre. "Interdire le mariage gay serait un pas en arrière pour notre société, chacun a le droit d'avoir une famille et la majorité ne peut pas imposer ses décision à la minorité", a-t-elle estimé.

Manifestation pour le mariage homosexuel à Zagreb le 30 novembre 2013

Le gouvernement de centre gauche, des militants des droits de l'homme et des figures de proue de la société civile locale ont appelé ces derniers jours les citoyens à voter contre un tel amendement.

"C'est comme si vous étiez obligé de demander la permission de vous marier à quatre millions de personnes. C'est exactement comme cela que mon fiancé et moi, vivons cette situation", a confié Ljubomir Mateljan, 31 ans, un militant gay.

D'autres militants ont mis en garde contre une "avalanche" d'initiatives similaires pour réduire les droits des autres minorités.

"Pour la première fois, la violation des droits de l"homme entrerait dans la Constitution", fustige Iva Grgic. "Maintenant, c'est le tour de ce groupe, ensuite ça peut être un autre. Chacun d'entre nous, dans ses choix de vie, peut être la prochaine victime".

"La Constitution n'est pas un jouet"

Samedi 30 novembre, plus de mille personnes ont marché à Zagreb, bravant la pluie, sous le mot d'ordre "la Constitution n'est pas un jouet", pour appeler à voter contre la révision de la Constitution qui, en l'état actuel, ne contient aucune définition du mariage.

Entourés par un important dispositif policier, les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "l'homosexualité n'est pas un choix, mais la haine en est un" ou encore "vote pour ta dignité".

"Il existe plein de raisons contre ce référendum. Le motif de ce changement de la Constitution est de rendre la vie difficile à nos concitoyens qui constituent une minorité sexuelle", a déclaré à l'AFP Damir Kovacic, un ingénieur de 34 ans venu manifester avec son épouse.

Parallèlement, des militants favorables à l'interdiction du mariage homosexuel, distribuaient dans Zagreb des tracts clamant: "une femme + un homme = un enfant, chaque enfant a besoin d'un papa et d'une maman".

Une trentaine de médecins gynécologues de la principale maternité de Zagreb sont sortis devant l'hôpital pour affirmer leur opposition au mariage gay. Selon un sondage, 68% des électeurs disent vouloir voter oui dimanche et 27% diront non.

L'ex-république yougoslave, qui a adhéré à l'Union européenne en juillet, a parcouru un long chemin depuis sa première Gay Pride, en 2002, lorsque les participants à la marche ont été agressés par des extrémistes. Depuis, l'attitude envers les droits des gays s'est graduellement améliorée.

En 2003, la Croatie a accordé aux couples du même sexe les mêmes droits qu'aux hétérosexuels vivant en union libre, dont une sorte de reconnaissance de la communauté de biens.

AFP/VNA/CVN

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