À Hong Kong, des écoles pour apprendre l'anglais avec l'accent américain

Dans l'ancienne colonie britannique revenue à la Chine en 1997, l'accent de la couronne n'a plus la cote : par pur snobisme ou pour entrer dans les prestigieuses universités américaines, les enfants de bonne famille apprennent à parler comme Seinfield ou Hillary Clinton.

Un cours d’anglais américain à l’école Nature EQ à Hong Kong.
                                                                                         Photo : AFP/VNA/CVN

Debout devant sa classe à Hong Kong, Charlotte Yan, neuf ans, récite un discours prononcé en juin 2008 par Hillary Clinton annonçant son ralliement à la candidature présidentielle de Barack Obama. Son accent américain est impeccable.

"Make sure we have a president who puts our country back on the path to peace, prosperity, and progress", énonce la fillette avec force concentration.

Le sens de la leçon est peut-être abscons ("Faites en sorte que nous ayons un président qui remette le pays sur la voie de la paix, de la prospérité et du progrès") mais l'essentiel est ailleurs.

"Autrefois à Hong Kong, l'accent britannique était synonyme de bonne éducation", explique Rodney Jones, responsable de l'enseignement de l'anglais à la City University de Hong Kong.

"Ce n'est plus le cas. Désormais l'accent américain peut sembler apporter davantage de +capital culturel+. Autrement dit vous avez l'air plus contemporain, plus moderne, et plus adapté au business international", ajoute-t-il.

Adam Bell, consultant en recrutement, confirme qu'un accent américain, "associé à une certaine idée du prestige", peut aider à trouver un emploi, surtout au sein d'une entreprise américaine.

Les écoles d'anglais américain sont majoritairement privées car l'accent britannique prévaut toujours dans les établissements publics. Selon leurs précepteurs, les enfants de riches Chinois de Chine populaire contribuent à la demande croissante sur ce créneau. Tim Laubach, fondateur des cours "American English Workshop", affirme qu'un élève sur trois vient de Chine.

Le week-end, l'école de Charlotte Yan, "Nature EQ" --dont un mur est recouvert d'une immense bannière étoilée-- se remplit d'enfants récitants dont les plus jeunes n'ont pas cinq ans.

Mickey Ho, 15 ans, assure qu'un accent américain est "plus international" tandis que Sam Yu, 19 ans, reconnaît que l'abondance de films et de séries "made in USA" rend plus facile l'apprentissage de la langue dans cet accent. "Je pense que l'accent américain est de plus en plus important au point peut-être de supplanter l'anglais britannique", avance-t-il.

L'accent britannique a ses défenseurs

Les enfants des riches Chinois contribuent à la demande croissante en cours d’anglais américain.

"Nature EQ" a ouvert ses portes un peu avant le départ des Britanniques et la rétrocession de Hong Kong à la Chine. L'école ne comptait alors que 40 élèves, 350 aujourd'hui.

"J'ai choisi de donner à mes fils un enseignement en anglais américain parce que j'ai l'intention de les envoyer étudier aux Etats-Unis", justifie Victor Chan, père de Jackie, 10 ans, et Samuel, 7 ans. "Je pense qu'un accent américain permet de trouver un emploi plus facilement dans les pays occidentaux", estime-t-il.

Mais l'accent britannique trouve encore ses défenseurs, qui le jugent plus élégant et plus courtois. "Je préfère l'accent britannique. Il m'arrive de ne pas comprendre l'accent américain", confie Riven Chan, une hôtesse de l'air de 28 ans. "Je préfère que les Hongkongais apprennent à parler l'anglais avec un accent britannique ou un accent local".

Selon le professeur Rodney Jones, le délicat accent des jardins anglais a encore de beaux jours devant lui à Hong Kong tant l'affection des Hongkongais pour la couronne britannique est profonde.

"Beaucoup de gens ici sont nostalgiques de l'époque britannique" alors que toute immixtion visible de Pékin dans la vie politique ou culturelle hongkongaise est perçue comme une agression, souligne-t-il.

Américain ou britannique, qu'importe, pourvu que l'accent ne soit pas... local, relève Adam Bell. "L'accent dévoile implicitement les bonnes origines (des locuteurs) et le fait qu'ils ont les moyens de suivre des études à l'étranger".

AFP/VNA/CVN

 

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