Conférence sur le climat de Varsovie, le 22 novembre. |
Conférence sur le climat de Varsovie, le 22 novembre. |
Ce texte est venu couronner plus de trente heures de négociations non-stop dans le grand stade de Varsovie, où se tenait cette conférence rassemblant plus de 190 pays et qui devait s'achever officiellement le 22 novembre.
"Cela a demandé beaucoup d'efforts, il y a eu beaucoup de drames et des intérêts différents, mais à la fin, les gens ont vu qu'il y avait un vrai risque si nous ne faisions pas les progrès dont nous avions tellement besoin", a déclaré à la presse la commissaire européenne au Climat, Connie Hedegaard.
Le texte adopté à Varsovie permet de lancer les négociations vers l'ambitieux accord attendu en 2015 à Paris sur les réductions de gaz à effet de serre qui permettraient de limiter le réchauffement du globe à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Controverse
Cet accord doit impliquer tous les pays et être légalement contraignant. "Est-ce que le chemin va être facile jusqu'à Paris ? Ceux qui ont vu ce qui s'est passé ici ces derniers jours savent que ce ne sera vraiment pas le cas !", a déclaré Mme Hedegaard.
Les négociations ont buté toute la journée sur la position intransigeante de la Chine et de l'Inde qui ont engagé un bras de fer musclé avec l'Union européenne et les États-Unis.
Les deux grands pays émergents ont martelé qu'ils voulaient continuer à être considérés comme des "pays en développement", et à ce titre, ne pas devoir en faire autant que les pays industrialisés contre le réchauffement.
Le négociateur chinois Su Wei s'était notamment dit "très préoccupé" par le fait que le texte propose que toutes les parties prennent des "engagements" en matière de lutte contre le changement climatique.
Le ton est monté au point que la perspective de quitter Varsovie sans accord était devenue une réelle option.
Mais au bord du gouffre, les négociateurs des principaux pays se sont rassemblés dans un coin de la grande salle de conférence et durant plus d'une heure, ont négocié, debout et à l'oral, une formulation acceptable par tous.
Le texte adopté appelle les États à préparer des "contributions sans préjuger de leur nature légale" pour 2015. Cette formulation, selon le ministre français du Développement, Pascal Canfin, n'est pas "moins forte qu'un engagement".
Il est aussi demandé aux États de communiquer leurs contributions "bien en avance" de la conférence de Paris aux fins d'évaluation. Les pays qui seront "prêts" sont invités à les présenter "au premier trimestre 2015".
"On a sauvé l'essentiel", a déclaré M. Canfin, "on revient de très loin et notre responsabilité est maintenant de construire le premier accord climatique universel jamais adopté".
Un texte sur l'aide financière aux pays du Sud a également été conclu à Varsovie, sans répondre aux exigences de ces derniers qui voulaient plus de visibilité sur la mobilisation des 100 milliards de dollars promis d'ici 2020 pour les aider à faire face au changement climatique.
"Cette conférence devait être la conférence des finances", a déclaré le négociateur du Bangladesh, Qamrul Chowdhury, "et tout ce qu'on a, ce sont des cacahuètes".
Seule concession des pays riches dans cet accord : ils s'engagent à "continuer à mobiliser de l'argent public, à des niveaux supérieurs" à ceux de l'aide d'urgence décidée pour 2010-2012, soit 10 milliards de dollars par an.
Une décision d'importance pour les pays du Sud a néanmoins été prise : la création d'un "mécanisme" portant sur les "pertes et dommages" subis à cause du réchauffement.
Les pays en développement voulaient un nouvel organe mais les pays riches, qui craignent de rentrer dans une logique de "réparations", insistaient pour qu'il soit associé aux mécanismes déjà existants sur "l'adaptation" au changement climatique.
Un compromis a été trouvé, et le "mécanisme de Varsovie" sera associé à ceux consacrés à l'adaptation jusqu'à une "révision" en 2016.
AFP/VNA/CVN