Redonner le goût de lire

Constatant que les Vietnamiens lisent de moins en moins, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a décidé de mettre sur pied un projet de promotion de la lecture. Objectif : réconcilier les Vietnamiens avec la lecture, notamment les plus jeunes.

La population vietnamienne lit peu, c’est un fait avéré. Des recherches sur les pratiques culturelles des Vietnamiens ont montré le recul de la lecture classique, celle du livre imprimé et du journal. Les jeunes, notamment, lisent de moins en moins. Ils sont plus devant un écran que devant un livre : ils passent de l’ordinateur à la télé, de la télé à la console, de la console à la tablette. C’est la génération écran ! Ce phénomène n’est pas propre au Vietnam, tous les pays sont concernés, sans exception.

Pour redonner aux Vietnamiens l’envie de lire, le pays a lancé depuis 2014 la Journée nationale de la lecture, le 21 avril, et organise chaque année des salons du livre.

Ce manque de lecture mène tout droit aux fautes d’orthographe, de grammaire et à la banalisation du langage SMS. Certes, les dernières technologies permettent d’accéder à des informations précises et ce rapidement. Il y a quelques années, pour accéder à l’information, il fallait absolument passer par les livres. Aujourd’hui, par quelques clics, l’information est instantanée. Mais, lire entre les lignes d’un bon roman, d’un livre reste un aliment pour l’esprit que les nouvelles technologies, quelle que soit leur perspicacité, ne pourront donner.

Pour redonner aux Vietnamiens le goût de la lecture, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a approuvé le 2 juin dernier le projet «Développer l’habitude de lire au sein de la communauté pour la période 2015-2020, orientation 2030». Un colloque concernant ce projet a été organisé fin juillet pour collecter les avis des ministères et spécialistes.

Contre la fracture de la lecture

La lecture doit être une grande cause nationale. Les pouvoirs publics doivent faire du livre à l’école une priorité nationale. Selon Vu Duong Thuy Ngà, directrice adjointe du Département des bibliothèques relevant du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, le projet vise à «créer une habitude et un besoin de lire» pour améliorer le niveau d’instruction de toute la population. Vaste programme.

D’après elle, les autorités attachent une importance à la construction d’un réseau de bibliothèques. Mais celles-ci se heurtent à la concurrence d’Internet. «On peut trouver toutes sortes d’informations sur Google. Pourquoi se plonger des heures dans un livre alors que l’on a tout sous la main en quelques clics ?», note Mme Ngà. Mais malgré cette concurrence, les bibliothèques sont toujours reconnues comme outils pour l’éducation et la diffusion de la culture.

Selon un sondage, 30% des Vietnamiens lisent régulièrement, 46% épisodiquement tandis que 26% avouent ne lire jamais. L’objectif du projet est que 65% de la population entre dans la catégorie des lecteurs réguliers en 2020, et que le taux de non lecteurs tombe à 15%.

Le bonheur (de lire) est dans le pré

Nguyên Thi Ngoc Minh, professeure du Département de la littérature à l’Université de pédagogie de Hanoi, a souligné que pour promouvoir la lecture, il faut d’abord redonner le goût de la lecture. La plupart des enfants et même des étudiants avouent ne pas aimer lire. Ces derniers ne lisent que des ouvrages en liaison avec leurs études. La lecture loisir, en dehors du «picorage» d’informations sur Internet, est quasi inexistante. Cette génération «zapping» est de plus en plus déconnectée de la lecture classique.

La lecture loisir permet de faciliter les études des enfants.
Photo : Bùi Phuong/CVN

Normalement, les enfants intelligents aiment la lecture. Mais eux aussi s’adonnent peu à la lecture loisir. Ils se concentrent dans leurs manuels scolaires, poussés par leurs parents. «Pourtant, la lecture loisir facilite les études. Les manuels scolaires ne fournissent qu’une fraction de l’énorme trésor intellectuel. Il faut inciter les enfants à lire d’autres livres, qu’ils choisissent eux-mêmes, et qui n’ont pas forcément trait à leurs études», partage Ngoc Minh.

Mme Minh a crée la page web docsach.org.vn et est à l’origine du projet intitulé «Ouvrir le livre», déployé depuis un an dans quelques bibliothèques de Hanoi. Ce sont des ateliers qui visent à redonner la passion pour la lecture chez les enfants, notamment en leur faisant acquérir de meilleures «compétences en lecture». Les parents ont aussi un rôle important à jouer. Ils doivent choisir de bons ouvrages pour leurs enfants, les encourager dans la lecture loisir. Ils devraient aussi leur faire la lecture à la maison avant qu’ils commencent à fréquenter l’école primaire. Il faut sensibiliser les parents au fait qu’ils peuvent influencer les chances de leurs enfants de réussir à l’école et dans la vie. Il est en effet prouvé que le plaisir de lire jouera un rôle en ce sens à long terme.

L’idée de créer des mini-bibliothèques en zones rurales revient à Nguyên Quang Thach. Il a d’abord établi une bibliothèque de sa lignée. Puis, il a ouvert des bibliothèques dans les classes avec l’aide financière des parents et dans des églises catholiques. Ses efforts ont porté leurs fruits. Les mini-bibliothèques comptent des centaines de lecteurs, comme dans la commune d’An Duc, province de Thai Binh. Pendant l’année scolaire 2009-2010, 60% des élèves de la commune ont emprunté des livres. Après quatre ans d’application de ce modèle dans les écoles, chaque élève avait lu en 2014 une trentaine de livres en moyenne.

Ngoc Yên/CVN

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