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Des pompiers tentent d'éteindre un feu près de lignes électriques de PG&E, le 26 octobre 2020. |
Photo : AFP/VN/ACVN |
Avec ses infrastructures fragiles et vieillissantes, l'État le plus peuplé d'Amérique est lancé dans une course contre le changement climatique, loin d'être gagnée.
Chaque été, les habitants de Californie le savent : ils risquent d'être plongés dans le noir. Dès que le drapeau rouge d'alerte aux incendies est hissé, des coupures préventives peuvent priver des milliers de personnes - voire des millions - d'électricité.
Ces dernières semaines, les résidents de Los Angeles étaient aussi parfois sommés de couper leur climatisation, éteindre le four et débrancher leurs appareils, afin d'éviter une surtension du réseau.
Cinquième puissance économique mondiale, la Californie souffre d'équipements vétustes, certains opérateurs électriques ayant longtemps été accusés de faire passer leurs profits avant la sécurité du public et la modernisation de leur réseau.
Urgence
Pour renforcer cette sécurité, le fournisseur privé d'électricité Pacific Gas and Electric (PG&E) a justement annoncé en grande pompe cette semaine son intention d'enterrer plus de 16.000 km de lignes électriques sur les dix prochaines années, afin d'éviter que ses installations ne provoquent d'autres départs de feux.
Patti Poppe, la présidente de l'opérateur qui fournit en électricité des millions d'habitants du nord et du centre de la Californie, a indiqué que cette annonce était initialement prévue pour dans plusieurs mois, mais qu'elle "ne pouvait plus attendre", après que le groupe a été mis en cause dans le départ d'un nouvel incendie mi-juillet, le Dixie Fire.
Un panneau exhortant un fournisseur d'électricité californien d'arrêter les coupures de courant, à Calistoga, en Californie, le 10 octobre 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon une enquête préliminaire, ce brasier destructeur a été provoqué par la simple chute d'un arbre sur une ligne électrique.
Pire, le Dixie Fire brûle à seulement quelques kilomètres de là où une ligne à haute tension de PG&E avait déclenché en 2018 l'incendie le plus meurtrier de l'histoire récente de la Californie : 86 morts et 18.000 bâtiments détruits autour de la ville de Paradise.
Le gouverneur de l'État, Gavin Newsom, qui avait déjà accusé l'opérateur de "cupidité et de mauvaise gestion" a exigé cette semaine que PG&E et d'autres fournisseurs "rendent des comptes" et investissent dans leur stratégie d'élimination des incendies.
Infrastructures agiles
Enfouir les câbles électriques, est-ce donc la solution miracle ?
Cela permettra bien de diminuer le risque d'incendies, que moins de câbles ne s'abîment en raison des chaleurs extrêmes, et donnera à cet opérateur une opportunité de moderniser par la même occasion son équipement, estime Mikhail Chester, professeur en ingénierie durable à l'Arizona State University.
Mais, met-il en garde, le dérèglement climatique progresse pour l'instant bien plus vite que les infrastructures ne sont repensées.
Si 2020 a été la pire année de l'histoire moderne de la Californie en matière d'incendies, il est en effet très probable que 2021 batte ce record.
"Pour faire face au changement climatique, nous devons rendre les infrastructures plus agiles et plus flexibles afin de pouvoir répondre aux changements aussi rapidement qu'ils se produisent", souligne l'expert.
Ce qui dépasse largement le cadre des feux de forêt californiens. Face aux ouragans, tornades ou épisodes extrêmes - des événements qui se multiplient à cause du réchauffement climatique - des millions d'Américains seront, sinon, à leur tour contraints d'apprendre à vivre dans le noir.
AFP/VNA/CVN