* Selon le XIe Congrès national du PC vietnamien, le pays devra être industrialisé en 2020. Comment réduire alors le nombre de travailleurs ruraux ?
Actuellement, 50% des actifs du pays sont en zone rurale, lesquels ne travaillent que 80% du temps disponible et avec une très faible productivité. Le départ de ces personnes hors du milieu rural est donc une exigence incontournable au regard de l'objectif d'industrialisation pour 2020.
* D’après vous, comment faire pour régler la problématique de l'exode rural ?
Un règlement effectif de la problématique que posent les travailleurs agricoles réside dans la révision de la stratégie de développement économique du pays, notamment ses chapitres sur l'industrialisation et le développement urbain car actuellement, elle présente plusieurs inconvénients. D'après nous, le développement urbain devrait désormais se poursuivre à l'inverse de ce qu'il ait aujourd'hui... En d'autres termes, il faut arrêter l'exode rural et construire des zones urbaines satellites de petites et moyennes tailles, ce afin de créer un tissu de zones rurales et urbaines équilibré. Stopper cet exode implique aussi de délocaliser une partie de l'activité industrielle en zone rurale, au lieu de les laisser en zone suburbaine comme actuellement. Par ailleurs, les grandes cités urbaines devront se spécialiser au niveau de leurs activités.
* Outre la stratégie de développement, y a-t-il d'autres mesures à prendre ?
Oui, bien sûr... La révision de la stratégie de développement ne permettra pas à elle seule de régler le problème de l'emploi pour des travailleurs agricoles. Le constat actuel est celui d'une nécessité d'orienter directement ces derniers vers les secteurs des services sans passer par l'intermédiaire des secteurs industriels. Mais pour y parvenir, encore faudra-t-il modifier l'apprentissage et la formation professionnelle, qui devront être totalement revus en ce sens. Notre pays est capable de le faire, car nous disposons et disposerons d'une population jeune pendant 15 années encore, alors que celles de la Chine et d'autres pays d'Asie de l'Est sont déjà plus âgées. Si vous préférez, nous bénéficions de conditions idéales de développement avec une main-d'oeuvre rurale jeune et abondante...
* Le développement durable est un objectif également, quelles en sont les exigences, selon vous ?
La notion de développement durable comporte de nombreuses facettes, interdépendantes mais multiples. Pour se limiter au seul plan économique, on peut le résumer en deux points essentiels. C'est d'abord un développement dont la nature est de permettre à un pays d'affronter toute crise et ses conséquences, et d'être capable de retrouver sa croissance initiale. C'est ensuite un développement qui, s'il est soutenu et effectif, bénéficie aux futures générations. Le développement durable implique de prendre en compte le présent mais aussi et surtout le futur. Ainsi, ces 20 dernières années, nous avons privilégié une croissance rapide : il fallait décoller, et pour cela nous mobilisons toutes les ressources naturelles disponibles - minerais, combustibles, forêts, pêche, eaux souterraines - alors que le durable implique de gérer leur exploitation afin de ne pas les épuiser dans le futur...
* Quelles sont les limites à fixer pour assurer un développement durable ?
Pour atteindre un développement durable, les ressources naturelles devront être maintenues en équilibre. Ce qui signifie que nous devrons faire en sorte de stopper l'exploitation lorsque les ressources seront menacées pour qu'elles puissent se régénérer et être de nouveau utilisables. On ne peut pas, par exemple, se permettre de voir la terre s'éroder et la pollution gagner l'ensemble des ressources en eau. Dans les programmes d'aménagement, il faut bien définir les limites et maintenir un rythme de développement permettant aux ressources naturelles renouvelables de ne pas s'épuiser. Dans le mécanisme de marché, existent différents groupes d'intérêt. Et chaque activité économique ou chaque activité de développement social bénéficiera à un tel groupe d'intérêt sans que cela nuise à d'autres. Il est donc nécessaire de mener des études quant aux influences du développement sur les groupes d'intérêts pour assurer une certaine harmonie et équité afin de prévenir les déséquilibres que cela pourrait engendrer sur la société.
* Selon les spécialistes en économie et planification, l'activité de nombreux secteurs économiques du pays dépend des ressources qu'abritent les différentes régions du pays. Mais, un paradoxe existe, les locaux des groupes économiques chargés de la gestion de ces secteurs sont presque tous basés au centre de Hanoi ou dans les grandes villes. L'implantation des locaux de ces groupes économiques dans les régions consacrées aux activités et secteurs économiques qui les concernent contribuera à créer des régions économiques spécifiques et à les développer. Par exemple, si le Groupe de l'industrie du charbon et des minerais (actuellement siégeant à Hanoi), s'implante dans la province de Quang Ninh -royaume du charbon-, cette province disposera de davantage de conditions favorables pour développer l'industrie minière. Autre exemple avec la Compagnie générale des vivres, qui devra siéger au delta du Mékong, grenier de riz du pays.
* La population de Hanoi s'accroît rapidement ces dernières années. Le nombre d'immigrants à Hanoi augmente de jour en jour avec un taux d'immigration de 65,3% durant la période 2005-2009. Selon les résultats des recensements des états-civils en 2010 de la police de Hanoi, la ville compte 6.913.161 habitants, avec une densité moyenne de population de 2.069 habitants par km². L'arrondissement de Dông Da est le plus densément peuplé avec 38.071 habitant/km², soit 60 fois plus que dans le district de Ba Vi (634 habitant/km²).
Linh Thao/CVN