>>Le then, passerelle entre le Ciel et la Terre
>>Une musique désormais connue largement par l’humanité
Le 6e Festival des pratiques du "then" s’est tenu en mai 2018 dans la province de Hà Giang (Nord). Photo : Quang Dan/VNA/CVN |
Photo : Quang Dan/VNA/CVN |
Comme plusieurs autres arts folkloriques, les pratiques du then n’échappent pas au risque de tomber dans l’oubli ou d’être délaissées par les jeunes. Pour que cet art soit préservé et perpétué, les organismes de gestion étatique, les artistes et les localités concernées agissent ensemble.
Un festival organisé tous les trois ans
En 2005, le ministère de la Culture et des Sports et du Tourisme, en collaboration avec des localités propriétaires de cet art, a lancé pour la première fois un festival qui lui est dédié. L’objectif de cet événement triennal est de préserver et promouvoir largement ce chant folklorique et de créer un rendez-vous pour les professionnels. En mai 2018, dans la province de Hà Giang, la 6e édition a réuni 500 artisans, venus de 14 troupes. Le plus âgé avait 91 ans, et le plus jeune, 15 ans.
Questionnés sur l’avenir de ce patrimoine, des jeunes chanteurs ont exprimé leur désir de le promouvoir largement, non seulement dans le pays mais aussi à l’étranger. "Je souhaite que via ce festival, les pratiques du +then+ soit largement connue du public, voire des touristes étrangers. Pour ces derniers, peut-être que les paroles seront incompréhensibles, mais ils pourront ressentir le lyrisme des mélodies", partage l’artisan Nguyên Van Tho, 27 ans, domicilié dans le village de Côc Tao, province de Lang Son.
Le rêve de présenter cette musique traditionnelle à l’étranger est devenu une réalité en février 2018 lorsqu’une troupe composée d’une dizaine d’artisans des provinces de Cao Bang et Lang Son a été invitée par la Maison des cultures du monde de Paris pour se produire lors du Festival de l’imaginaire. "Nos représentations ont attiré de nombreux spectateurs et particulièrement des Vietnamiens résidant dans ce pays", informe l’"Artiste du Peuple" Triêu Thuy Tiên, à la tête de la troupe.
Quand les localités passent à l’action
Pour mettre en valeur cet art dans la vie moderne, les provinces de Cao Bang, Lang Son, Tuyên Quang, Quang Ninh ont décidé de fonder des clubs de professionnels des pratiques du then, d’enseigner aux jeunes ou de présenter cet art à l’école. Dans le district de Na Hang, province de Tuyên Quang, 10 des 12 communes et chefs-lieux ont au moins un club, chacun réunissant 20-50 membres, en majorité des jeunes. Ce district a réussi à enseigner ce chant dans les cours de musique des écoles primaires et secondaires, permettant aux élèves de faire tôt connaissance avec cet art.
Les clubs de "then" de la province de Quang Ninh contribuent activement à la préservation de ce patrimoine. |
"Mon école possède un club de près de 50 membres, ce qui nous permet de mieux comprendre ce patrimoine des Tày", confie Luong Thi Phuong Anh, du Collège de Na Hang. Toujours à Tuyên Quang, la commune de Phuc Son, connue comme le berceau de ce chant rituel des Tày, est fière des activités de son club. De 20 membres à ses débuts, le club de Phuc Son en compte aujourd’hui près de 60, de tous âges. Ces deux dernières années, il a collecté des dizaines d’airs anciens, et ses membres en ont composé de nouveaux, adaptés à la vie moderne. Chaque année, le club participe aux concours locaux, ainsi qu’aux échanges avec les communes avoisinantes.
Dans la province de Lang Son, certains collèges ont enseigné le then dans les cours de musique et encouragé la création de clubs animés par des artistes chevronnés. "À Lang Son, nombreux sont les jeunes qui le pratiquent. Il y a des filles de 12 ans qui ont déjà une parfaite maîtrise de techniques vocales", se réjouit l’"Artiste du Peuple" Triêu Thuy Tiên, présidente d’un club à Lang Son.
À Quang Ninh, le district de Binh Liêu est aussi très actif dans la valorisation de cet art au travers des clubs. Hoàng Thi Nghi, cheffe du Bureau de la culture du district, a informé que Binh Liêu recensait 11 clubs. "Dans les années à venir, Binh Liêu continuera de valoriser ce trésor musical en le présentant lors de festivals et d’activités touristiques", affirme-t-elle.
Faire connaître cette musique aux touristes constitue aussi une solution pour garder sa vitalité. Dans le cadre de son projet de préservation et de promotion des valeurs culturelles des groupes ethniques, en cours d’élaboration, le district de Binh Liêu a mis l’accent sur ce patrimoine. Il a collaboré avec des voyagistes pour créer une troupe spéciale chargée de donner des représentations aux touristes.
Les airs du then résonneront davantage dans la vie contemporaine si les efforts des autorités locales et artisans sont accompagnées de politiques de soutien de l’État. Plus important, il faudra aussi transmettre l’amour pour cette musique à la jeune génération, car c’est elle qui aura la charge de reprendre le flambeau.
Linh Thao/CVN