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Depuis mercredi soir 18 mars, 91 cas lourds ont rejoint les services de réanimation, portant leur total à 1.122 |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les restrictions ont convaincu jeudi soir 19 mars le Festival de Cannes, le plus grand rendez-vous du cinéma mondial, à annoncer son possible report "fin juin, début juillet" : "Le Festival de Cannes ne pourra se tenir aux dates prévues, du 12 au 23 mai prochains. Plusieurs hypothèses sont à l’étude afin d’en préserver le déroulement", ont indiqué les organisateurs.
Mais les Français semblent avoir du mal à prendre conscience de la réalité. En visite jeudi 19 mars à l'Institut Pasteur à Paris, Emmanuel Macron a regretté qu'ils prennent "à la légère" les consignes et continuent de traîner dehors, profitant du beau temps. "Plus nous serons mobilisés, plus nous casserons vite la courbe épidémique, c'est un combat collectif" a de nouveau insisté jeudi soir 19 mars le Pr Salomon, directeur général de la Santé (DGS), en annonçant 372 décès comptabilisés depuis le début de l'épidémie (108 supplémentaires en 24 heures) et 4.761 hospitalisations.
Le président Macron présidera un nouveau Conseil de défense vendredi matin 20 mars au ministère de l'Intérieur afin de faire le point, quatre jours après la mise en œuvre des mesures de confinement en France. Il a déploré jeudi 19 mars que "trop" de Français les prennent "à la légère". Jeudi 19 mars, l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité le projet de loi de finances rectificative destiné à faire face aux conséquences de l'épidémie. Le projet doit être soumis vendredi au Sénat.
"Circulation virale intense"
Depuis mercredi soir 18 mars, 91 cas lourds ont rejoint les services de réanimation, portant leur total à 1.122. "Les cas de contamination doublent tous les quatre jours" : "l'épidémie est importante et s'étend, avec une circulation virale rapide et intense", a mis en garde le DGS. Dans un communiqué au chef de l'État, l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) a appelé les autorités à "cesser les demi-mesures et les discours équivoques" et réclamé un "confinement total et absolu de l'ensemble de la population". "Moins le confinement sera strictement appliqué, plus les réanimations seront saturées, plus nous devrons faire des choix", préviennent-ils.
Pour la directrice générale de l'agence sanitaire Santé publique France, Geneviève Chêne, la prolongation du confinement, décrété pour une durée initiale de 15 jours, "sera très vraisemblablement nécessaire" : il faudra attendre "entre 2 et 4 semaines" pour en observer les effets sur la dynamique de l'épidémie. Les préfets ont haussé le ton jeudi 19 mars et fermé les plages de tout l'arc méditerranéen, de la Corse et de nombreux départements de la façade atlantique.
Un hélicoptère militaire décolle de l'hôpital Emile-Muller à Mulhouse, le 19 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ces restrictions pèsent déjà lourd dans les prisons, où les visites ont été suspendues : "Plus de parloir, plus de projection, ça veut dire plus de stupéfiants. Ça va chauffer en détention s'il n'y a pas de shit", prédit Tariq, 31 ans, joint par l'AFP dans une maison d'arrêt en région parisienne.
Hôpital militaire
Désormais 157 établissements de référence accueillent des malades du coronavirus. Le premier transfert aérien de six malades a eu lieu de l'Alsace, la région la plus touchée, vers des hôpitaux militaires de Toulon et Marseille. Dans la région de Mulhouse, "le déploiement d'un hôpital militaire se met en place et pourra accueillir des malades lourds dans les tous prochains jours" a assuré le Pr Salomon.
Cent mille membres des forces de l'ordre ont été déployés, infligeant une amende forfaitaire de 135 euros en cas de "violation des interdictions de se déplacer hors de son domicile". En 24 heures, 4.095 amendes ont été dressées, selon le ministre de l'Intérieur. Le gouvernement a reconnu des "difficultés logistiques" dans la fourniture de masques, alloués "en priorité aux soignants", qui s'alarment pourtant de leur dénuement.
Outre le déstockage de 5 millions de masques chirurgicaux des Armées, 25 millions de masques sont en cours de livraison aux pharmacies et établissements de soins. Ces équipements sont "réservés aux professionnels de santé" a rappelé jeudi soir le DGS, en appelant "ceux qui en ont à les donner", à "ne pas les porter quand on n'est pas malade" ni soignant.
Conseils municipaux annulés
Cependant, de nombreuses professions en contact avec le public en réclament aussi, comme les policiers, les livreurs, les éboueurs ou les professionnels du bâtiment. Jeudi 19 mars, une vingtaine de sénateurs se sont réunis en comité restreint pour examiner le projet de loi permettant d'instaurer un "état d'urgence sanitaire", accompagné de mesures d'urgence pour soutenir l'économie. Il devrait être déclaré par décret vendredi 20 mars.
Le gouvernement a décidé in extremis de reporter les réunions de conseils municipaux élus au premier tour, prévues de vendredi 20 mars à dimanche 22 mars pour désigner les maires : elles paraissaient "aberrantes" en ces circonstances. Le président Macron a exhorté les entreprises à faire preuve de "responsabilité civique" et appelé les salariés à poursuivre leur activité "dans le respect des règles de sécurité sanitaire". La ministre du Travail Muriel Pénicaud a rappelé que la poursuite de l'activité économique était nécessaire "pour que la nation puisse continuer à fonctionner".
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a jugé de son côté "inacceptables" les pressions qu'exerce le géant de la distribution par internet Amazon sur ses salariés, qui ne sont pas payés s'ils exercent leur droit de retrait pour des raisons sanitaires.