Printemps sur la ville royale (XVIe siècle)

Le morceau de prose rythmée (phú) dont nous donnons ci-dessus la traduction fait date dans les lettres classiques du Vietnam. Il dénote une grande maîtrise dans le modelage et le maniement de la langue littéraire vietnamienne encore à ses débuts.

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La ville royale dans le morceau de prose rythmée de Nguyên Gian Thanh est la Citadelle impériale de Thang Long aujourd’hui.
Photo : VNA/CVN

L’auteur Nguyên Gian Thanh (1482-?) fut reçu Premier Docteur ès humanités sous la dynastie des Lê en 1508. Il servit par la suite la dynastie des Mac (1527-1677) et fut nommé ministre des Rites. Son morceau de prose rythmée fut composé en langue nationale et transcrit en écriture démotique nôm au lieu d’être rédigé en caractère chinois hán selon l’usage chez les lettrés de l’époque.

"Quand l’univers fut installé,
La ville royale fut bâtie.
Ici se rassemblaient les mandarins bien chamarrés, résonnait la musique de cour,
Culture et honneur fleurissaient.
L’air printanier emplit le ciel, l’univers entier rayonne.
Au sein de la nation prospère, s’érige tel un pilier solide, la capitale,
Depuis les temps anciens,
Nous sommes au cœur du territoire
Faîte de la Patrie.
Au Sud-Ouest le mont Tan dresse sa cime où rugit le fauve.
Au Nord-Est, le dragon s’ébat dans les eaux du fleuve Rouge.
Sur mille lieues s’étendent les monts et les eaux formant une position clé.
Les quatre saisons sont des printemps, les fleurs toujours brillent de tout leur éclat.

Zone commémorative de la dynastie des Mac dans la ville de Hai Phong, au Nord.
Photo : CTV/CVN

Ne voit-on pas,
Çà et là d’orgueilleux édifices.
Et maints endroits merveilleux.
Des palais de jade avec leurs neuf enceintes,
Où défilent mille et mille robes de brocart.
Les maisons succèdent aux marchés, on dirait une vaste fresque.
Les quartiers suivent les quartiers, le violet alterne avec le rouge vermeil.
À l’intérieur,
Des palais de jade profonds, austères,
Des portes dorées barrent les voies.
Les rameaux des saules pleureurs ondulent comme des nuages,
Les pêches des jardins royaux rosissent comme les joues des belles filles.
Le son des flûtes, jailli d’un palais, fait trembloter la clarté lunaire,
Le tambour d’une tour de garde à l’aube presse les fleurs d’éclore.
Dehors,
Les marchés s’animent,
Les rues rivalisent de beauté.
Les jeunes gens relevant les tuniques prestement jouent au volant,
Les demoiselles rougissantes arrangent leur cache-seins et pantalons.
Les gentils hommes caracolant contemplent les fleurs le long des avenues (…)
Cependant,
C’est la ville qui donne sa beauté au printemps.
Vaut mieux se fier aux vertus humaines qu’aux contours du terrain,
Bien des pays bâtissent leur puissance sur des citadelles.
Faisons plutôt des vertus de justice d’humanité nos remparts,
Pour voir
Génération après génération,
Printemps après printemps,
Nos enfants se transmettre mille, dix mille ans nos belles traditions."

(Traduction d’Études vietnamiennes, N°48)
Huu Ngoc/CVN

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