Dégâts causés par une crue éclair à l’École-internat primaire de Nam Nhu, province montagneuse de Diên Biên (Nord), le 17 août 2020. |
Photo : VNA/CVN |
Au cours des premiers mois de cette année, un certain nombre d’épisodes naturels destructeurs se sont produits : sécheresse, orages violents, grêles destructrices… Dans les régions montagneuses, de fortes pluies prolongées ont provoqué des glissements de terrain et des crues soudaines à grande échelle, causant de graves dommages humains et matériels.
C’est pour cela que le gouvernement veut agir plus massivement dès aujourd’hui. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (MADR) et vice-président permanent du Comité directeur central pour la prévention et le contrôle des catastrophes naturelles, Lê Minh Hoan, a, lors d’une récente conférence à ce sujet, insisté sur le fait que la prévention ferait l’objet d’une stratégie prioritaire, basée sur l’application des nouvelles technologies.
De gros dégâts
Selon l’Office général des statistiques, au premier semestre de l’année, les catastrophes naturelles ont engendré des pertes économiques estimées à 508 milliards de dôngs (plus de 22,3 millions d’USD). Elles ont fait au total 34 morts et disparus et 51 blessés. Outre les pertes humaines, on a également recensé 6.600 bovins et volailles tués ; 47.500 ha de riziculture et 12.400 ha de cultures maraîchères endommagés ; près de 8.000 maisons effondrées, emportées ou inondées.
En 2020, le bilan était encore plus lourd, avec de nombreuses catastrophes naturelles à grande échelle, notamment de fortes pluies et inondations causant de très lourds dégâts dans les localités du Centre. Seize des 22 types de catastrophes répertoriés se sont produits l’année dernière au Vietnam. Parmi elles : 14 tempêtes et une dépression tropicale, 265 orages, 120 crues éclairs et glissements de terrain, 90 secousses, sécheresse, intrusion d’eau salée grave, érosion des berges et des côtes, affaissement des digues maritimes, a informé Trân Quang Hoài, directeur général de l’Autorité de gestion des catastrophes naturelles du Vietnam, relevant du MADR.
Ces phénomènes climatiques ont fait l’année dernière 357 morts ou disparus, avec des pertes économiques totales de près de 40.000 milliards de dôngs (plus de 1,75 milliard d’USD).
Au Vietnam, les politiques de prévention des catastrophes naturelles ne sont pas nouvelles mais sont encore de court terme pour l’essentiel. En effet, la préparation présente jusque-là toujours des lacunes, comme un manque de sensibilisation des communautés dans certains endroits, en particulier dans les zones les plus reculées et isolées, justement très touchées par les aléas climatiques.
Sensibiliser localement
D’après le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Lê Minh Hoan, la formation du personnel chargé de la lutte contre les fléaux naturels et la diffusion d’informations aux populations des zones à risques doivent gagner en efficacité. Les infrastructures de prévention des catastrophes comme les ouvrages de protection contre les inondations tels que digues et barrages manquent et/ou n’ont pas été réhabilités.
Le Vietnam est l’un des pays les plus impactés par les catastrophes naturelles. |
Photo : VNA/CVN |
"Les catastrophes naturelles se produisent continuellement, s’étendant à travers le pays, a estimé le ministre Lê Minh Hoan. Nous nous concentrons sur le fait de surmonter leurs conséquences, mais avons tendance à négliger le travail de prévention et de préparation. Normalement, lorsqu’il y avait une catastrophe, nous travaillions ensemble pour la combattre, la gérer, mais lorsqu’elle était terminée, nous oublions facilement le travail à venir".
"La prévention ne doit pas être un travail de court terme. C’est une stratégie à long terme basée sur les nouvelles technologies telles que la prévision et la télédétection. Cela minimiserait les dommages", a-t-il poursuivi.
Le ministre a suggéré que les localités devraient dès aujourd’hui travailler à surmonter les lacunes de leurs plans de prévention et se conformer aux dernières réglementations en vigueur. "Les autorités locales doivent promouvoir la diffusion d’informations sur la lutte contre les catastrophes naturelles dans la communauté et allouer des ressources pour améliorer la sensibilisation communautaire et la gestion des risques", a-t-il demandé.
Pour une société résiliente
Il est nécessaire que les localités allouent un budget suffisant à ce travail sur la période 2021-2025. Des fonds de prévention et de contrôle des catastrophes devraient également être mis sur pied, en particulier sur les questions de la gestion des crues soudaines, des glissements de terrain et de la sauvegarde des digues et des réservoirs.
Le vice-Premier ministre Lê Van Thành a aussi demandé aux ministères, branches et localités de faire de leur mieux pour limiter les dommages. "La sécurité humaine doit être la priorité absolue", a-t-il affirmé. Et de souligner le rôle des activités de prévision, d’alerte et le rôle du leadership. "Les autorités doivent surveiller de près et diriger en temps opportun, utiliser les ressources disponibles pour faire face aux catastrophes naturelles", a remarqué M. Thành.
Pour le directeur général de l’Administration météorologique et hydrologique du Vietnam, Trân Hông Thái, la situation climatique dans le pays se complexifie dramatiquement, avec l’apparition de plus en plus fréquente de phénomènes extrêmes et anormaux. "Cela entrave nettement notre capacité à alerter précisément et exige du secteur de s’améliorer afin d’avoir des informations plus fiables et plus fournies", a-t-il indiqué.
Le Vietnam peut désormais émettre des avertissements cinq jours avant les tempêtes, trois jours avant les dépressions tropicales et deux ou trois jours avant les fortes pluies avec une précision de plus de 75%, selon M. Thái. Le secteur hydrométéorologique pourrait donner des avertissements 24 à 48 heures avant les crues, tandis que certaines inondations historiquement graves n’avaient été jusqu’ici anticipées que quelques heures seulement avant qu’elles ne surviennent.
L’Administration météorologique et hydrologique continue de perfectionner ses critères et règlements sur les prévisions des fléaux naturels. Il se coordonne aussi avec les localités et les ministères pour concevoir et développer des cartes détaillées indiquant les zones à haut risque.