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Des soldats nigérians en patrouille le 25 mars à Chibok dans le Nord-Est du pays |
Le témoignage de Muhammad Namadi Musa, directeur général du Bureau interconfessionnel de l'État de Kaduna, corrobore les informations selon lesquelles au moins 300 personnes ont été tuées dans les violences du 12 décembre.
Les affrontements se sont produits à Zaria, fief du Mouvement islamique du Nigeria (IMN), où un barrage érigé par le mouvement en vue d'une procession religieuse avait bloqué le convoi du chef d'état-major des armées, le général Tukur Yusuf Buratai.
Les militaires ont accusé des partisans du chef de l'IMN, Ibrahim Zakzaky, d'avoir tenté d'assassiner le général, une accusation démentie par le groupe chiite.
L'ONG Amnesty International, qui donnait le chiffre de "plusieurs centaines" de morts, a déclaré que cette révélation était "une étape importante pour traduire les coupables présumés de ces crimes" devant un tribunal.
"Il convient désormais de boucler les sites de ces fosses communes afin qu'une enquête indépendante puisse commencer", a déclaré M.K. Ibrahim, le directeur d'Amnesty International Nigeria.
"Il faut exhumer les corps et les autorités nigérianes doivent maintenant statuer sur le sort des personnes qui font l'objet d'une détention non reconnue, soit en les inculpant soit en les libérant", a-t-il poursuivi.
Muhammad Namadi Musa a précisé aux enquêteurs avoir reçu un coup de téléphone le 13 décembre, lui demandant de se rendre au siège du gouvernement régional de Kaduna, où on lui a ordonné de se rendre à Zaria avec le chef de la police de l'État de Kaduna "pour déterminer le nombre de cadavres et la manière de les enterrer".
À l'hôpital universitaire Ahmadu Bello "nous avons compté 156 corps", tandis que 191 autres étaient récupérés sur la base militaire de Zaria, a-t-il dit. "La plupart des corps étaient recouverts de noir et on y trouvait des femmes et des enfants", a-t-il précisé aux enquêteurs, ajoutant que les cadavres avaient été transportés pour être inhumés à bord d'un convoi de camions escorté par l'armée.
L'armée nigériane, accusée de graves violations des droits de l'homme dans la répression de l'insurrection des islamistes (sunnites) de Boko Haram, s'est défendue en assurant que les soldats avaient respecté à Zaria les règles d'engagement.
Aucun bilan officiel n'a été publié mais l'ONG Human Rights Watch a rapporté qu'"au moins 300 personnes" avaient été tuées et Amnesty International a évalué le nombre des victimes à "des centaines". L'armée a estimé ces chiffres "sans fondement". Une source médicale à l'hôpital universitaire Ahmadu Bello avait déclaré en janvier avoir compté au moins 400 corps à la morgue le soir du 12 décembre.