Succession de Ban Ki-moon à l'ONU
Les candidats commencent à plaider leur cause

Les prétendants au poste de secrétaire général des Nations unies ont commencé mardi 12 avril à se présenter devant l'Assemblée générale pour des entretiens d'embauche inédits, avec l'espoir de succéder à Ban Ki-moon en janvier 2017.

>>ONU : rencontres avec chaque candidat pour choisir un nouveau secrétaire général

Trois d'entre eux sont passés mardi 12 avril. Ils se sont efforcés de répondre aux questions des 193 pays membres sur des sujets allant du changement climatique au conflit israélo-palestinien en passant par les abus sexuels commis par des Casques bleus ou la réforme de l'ONU.

Le ministre des Affaires étrangères du Monténégro, Igor Luksic, plus jeune des candidats à 39 ans, a été le premier.

Visiblement nerveux, il a tenu en anglais et en français des propos convenus sur les dossiers chauds (terrorisme, réfugiés, désarmement, droits de l'homme, etc...). "Je comprends les défis du monde moderne", a-t-il affirmé.

La France insiste pour que le patron de l'ONU parle peu ou prou la langue de Molière.

Alors que l'idée de voir une femme accéder enfin au poste, après huit hommes, fait son chemin, la directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, a joué cette carte. Il est temps, a-t-elle dit, "de donner aux femmes l'opportunité de se développer comme membres égales de la société".

Mais elle a esquivé les questions pièges, comme celle de l'ambassadeur ukrainien qui lui demandait de se prononcer sur l'annexion de la Crimée par la Russie, et a admis ne pas avoir de "solution miracle" sur beaucoup de dossiers.

Trois jours d'audition

Le plus éloquent et le plus convaincant de cette journée a été l'ancien Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés (HCR), le Portugais Antonio Guterres, qui s'est lancé dans un plaidoyer en faveur des migrants.

"La migration, a-t-il affirmé, doit être une option, pas un acte de désespoir". Il a préconisé de plus larges possibilités légales d'émigration, un "partage du fardeau entre tous les pays" et une "solidarité massive" envers les principaux pays d'accueil voisins de la Syrie.

Pour M. Guterres, un secrétaire général de l'ONU doit jouer "un rôle de catalyseur, d'honnête courtier" offrant ses bons offices dans les situations de crise.

Il a cité comme priorités la prévention des conflits, la lutte contre le chômage des jeunes ou l'égalité homme-femme dans les nominations à l'ONU.

Jonglant avec aisance entre français, anglais et espagnol, il a promis de dynamiser la bureaucratie onusienne qui doit devenir "plus souple, plus décentralisée, plus efficace".

"Il y a trop de réunions, avec trop de participants et pas assez de décisions", a-t-il estimé.

Quatre hommes et quatre femmes étaient jusqu'ici sur les rangs. Mais le président de l'Assemblée générale Mogens Lykketoft a annoncé mardi que l'ancien ministre serbe des Affaires étrangères Vuk Jeremic s'était ajouté à la liste et serait auditionné jeudi 14 avril.

Les auditions s'étaleront sur trois jours. Chaque candidat a deux heures pour plaider sa cause.

L'ex-Première ministre de Nouvelle-Zélande Helen Clark figure parmi les candidats, de même que l'ex-président slovène Danilo Türk et trois chefs de la diplomatie de pays des Balkans, anciens ou en poste: Vesna Pusic (Croatie), Natalia Gherman (Moldavie), Srgjan Kerim (Macédoine).

Pour M. Lykketoft, ces auditions peuvent "changer la donne" en influençant le vote du Conseil de sécurité, qui a le dernier mot dans cette sélection.

Tractations à huis clos

Depuis 70 ans, le choix du patron de l'ONU fait l'objet de tractations à huis clos entre les 15 pays membres du Conseil et, en premier lieu, les cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Royaume-uni, Chine, France).

Cette fois-ci, l'Assemblée a imposé un processus un peu plus transparent: lettre de candidature, CV, profession de foi et, enfin, grand oral.

À partir de juillet, les membres du Conseil feront leur sélection à bulletins secrets, avant de soumettre un nom à l'Assemblée qui entérinera le choix en septembre.

La tradition voudrait que le prochain diplomate en chef vienne d'Europe de l'Est, seule zone géographique à ne pas avoir encore été représentée à ce poste. La Russie y tient, mais ce n'est pas une obligation.

D'autres candidats pourraient se déclarer dans les mois à venir, comme la Commissaire européenne Kristalina Georgieva, une Bulgare, ou la ministre argentine des Affaires étrangères Susana Malcorra, ex-chef de cabinet de Ban Ki-moon.

Pas très enthousiasmés par les candidats en lice, certains diplomates se prennent à rêver d'une personnalité de grande envergure, "à la Merkel", en référence à la chancelière allemande.

AFP/VNA/CVN

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